La cognition. Du neurone à la société by Collectif

La cognition. Du neurone à la société by Collectif

Auteur:Collectif [Collectif]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782072764400
Éditeur: Editions Gallimard
Publié: 2018-11-15T05:00:00+00:00


VII. DIVERSITÉ LINGUISTIQUE ET UNIVERSAUX LINGUISTIQUES

Si l’on accepte l’argument de la pauvreté du stimulus, on est immédiatement conduit à faire l’hypothèse que, par-delà leur diversité apparente, les langues humaines doivent en réalité être très semblables. En effet, si la grammaire mentale d’un locuteur n’est pas inférable à partir des données de l’environnement par des processus de généralisation non spécifiques au langage, les mécanismes de généralisation spécifiques au langage doivent contribuer de manière importante à la forme finale de la grammaire acquise. Dans la perspective de Chomsky, l’enfant qui apprend sa langue accomplit cette tâche en s’appuyant sur une connaissance innée de ce que peut en principe être une langue humaine. L’espace des langues humaines étant contraint par ce que Chomsky nomme la grammaire universelle, et les hypothèses que fera l’enfant à propos de la langue qu’il est en train d’apprendre seront conformes à cette grammaire universelle. Par exemple, l’enfant saurait dès le départ que les phrases ont une structure hiérarchique, et s’attendrait à ce que les règles de la langue qu’il est en train d’acquérir soient sensibles à cette structure hiérarchique. La quasi-universalité du principe C (cf. section III.3) suggère qu’il découle de la grammaire universelle. L’un des programmes de recherche issu de cette tradition est le programme dit Principes et paramètres. L’idée est que la grammaire universelle contient des principes communs à toutes les langues, mais dont la formulation précise contient certains paramètres dont la valeur n’est pas fixée. La tâche d’acquisition consisterait à fixer la valeur des différents paramètres sur la base des données de l’environnement. Comme ces paramètres ne peuvent prendre qu’un nombre fini de valeurs (prototypiquement, deux), il est possible qu’un nombre fini de données suffisent à déterminer la valeur des paramètres. Si l’on parvient à rendre précis ces paramètres, on fait aussi des prédictions sur l’espace des langues possibles, ce qui pourrait rendre compte de certaines régularités observées à travers les langues, mais aussi prédire l’espace de variation possible. Un exemple d’un tel paramètre qui a été proposé est le paramètre du sujet nul. Dans certaines langues, comme l’italien ou l’arabe standard, le sujet d’un verbe peut n’être pas réalisé (par exemple, en italien, le simple mot Piove peut traduire la phrase Il pleut). Dans d’autres langues, comme le français, l’anglais, la présence d’un sujet est obligatoire, même quand ce sujet ne joue pas de rôle pour l’interprétation (comme il, dans Il pleut). Le linguiste Luigi Rizzi a proposé que, au-delà de cette propriété facilement observable par l’enfant qui apprend sa langue, la valeur du paramètre du sujet nul (« non » en français, « oui » en italien) détermine un grand nombre d’autres contraintes grammaticales qui, quant à elles, seraient beaucoup plus difficiles à inférer sur la base d’un processus de généralisation simple, comme, par exemple, le fait que la question Chi credi che parla inglese ? (« Qui, selon toi, parle anglais ? ») soit acceptable, alors que sa contrepartie en français *Qui crois-tu que parle anglais ? ne l’est pas.

L’approche Principes et



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