Cherche ton bonheur partout by Agnès Abécassis

Cherche ton bonheur partout by Agnès Abécassis

Auteur:Agnès Abécassis [Abécassis, Agnès]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782081470002
Éditeur: Flammarion
Publié: 2019-03-19T23:00:00+00:00


Chapitre 20

Le bonheur,

c’est de danser sous la pluie

Régine demeura un instant accablée, effondrée sur le volant de sa voiture.

Dire qu’elle avait simplement voulu un peu de quiétude. Juste se changer les idées. Mission accomplie. Elle avait rencontré la personne qui les lui avait tellement changées, qu’elle n’en avait plus qu’une seule en tête : rentrer chez elle, et se jeter dans les bras de Tom.

Quelle idiote elle avait été, en agissant sur une impulsion. À la lumière de cette journée, extraite de son quotidien, elle réalisa que son compagnon lui manquait déjà. Dire qu’en ce moment même, elle et lui auraient pu se trouver enlacés sur le sofa, sirotant un chocolat chaud avec de la cannelle, à commenter les péripéties d’une série TV en version originale sous-titrée.

Avec Tom, elle se sentait en sécurité. Elle l’avait toujours été. Ils pouvaient tout se dire. La complicité, c’était la base même de leur relation. Elle aurait parfaitement pu lui confier ce qui la tourmentait en ce moment. Cette évidence la bouleversa. Choisir avec lui, ou malgré lui, le chemin qu’allait prendre la suite de leur histoire. Mais pas choisir sans lui. Et puis cette soirée qui s’avérait de plus en plus cauchemardesque… Non, décidément, elle avait juste envie de se rouler en boule, et de s’endormir en attendant que tout se résolve tout seul.

À travers le pare-brise, elle ne quittait pas sa belle-mère du regard. Elle la vit s’enfoncer sous ce lourd rideau de pluie, blessée et encore plus perdue qu’elle. Régine ne lui en voulait pas, au fond. Elle comprenait. Cette femme s’était fait dépouiller des plus belles années de sa vie, il ne lui restait que sa dignité.

Ce que Régine percevait aussi, c’est qu’elle n’allait pas pouvoir la laisser crapahuter en zone inconnue, en pleine nuit et loin de tout. S’il lui arrivait quelque chose, Tom ne le lui pardonnerait jamais. Il était de son devoir de lui venir en aide. Olga aurait pu être sa mère, en effet.

Si seulement cette tête de mule avait bien voulu faire machine arrière. Régine se serait excusée, et elles auraient pu attendre ensemble que le jour se lève. La voiture était flinguée, certes, elles ne pourraient rien faire de plus avec pour le moment. Mais au moins, c’était un abri pour se protéger du déluge et… tiens, pourquoi Olga tendait-elle le bras, au bord de la route ?

Ah, d’accord. Elle faisait du stop. Très bien. Heureusement que la route était déserte, parce que… n’étaient-ce pas des phares qui transperçaient la nuit, au loin ? Mais oui, des phares qui se rapprochaient, si hauts qu’ils appartenaient sans doute à un camion. Avec une infinie lenteur due à la pluie, le véhicule de transport ralentit, avant de s’arrêter à la hauteur d’Olga.

Aussitôt, Régine saisit son sac, son bagage, et quitta la voiture à la hâte, courant dans la boue, manquant de s’étaler une ou deux fois, jusqu’à atteindre sa belle-mère, qui était déjà en train d’expliquer au conducteur où elle voulait aller. En l’occurrence, loin d’ici.

— Olga, je vous en prie, l’exhorta-t-elle en posant sa main sur son bras.



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