Histoire du Liban contemporain (1943-1990) by Ammoun Denise

Histoire du Liban contemporain (1943-1990) by Ammoun Denise

Auteur:Ammoun Denise [Denise, Ammoun]
La langue: fra
Format: epub
Tags: det_, Histoire contemporaine, Liban, nouveaux
Éditeur: Fayard
Publié: 2004-01-15T00:00:00+00:00


CHAPITRE IV

Le Liban pris au piège

La réaction brutale de la Syrie et le désaveu de nombreux pays arabes contraignent le président Frangié à ordonner l'arrêt des combats. Cette décision intervient à un moment où l'armée libanaise, après avoir marqué des points sur le terrain, aurait pu entrer sans difficulté dans les rues de Sabra et de Chatila, les principales places fortes palestiniennes. Sans avoir recours à un « Mai noir », acte totalement étranger aux intentions politiques des dirigeants et contraire aux traditions de tous les régimes libanais envers la Résistance palestinienne, l'armée aurait enregistré une victoire. L'État, en position de force, se serait trouvé en mesure d'imposer le respect effectif de l'accord du Caire. Un épilogue pour le moins légitime.

Le cessez-le-feu est accueilli avec une intense satisfaction par l'islam libanais. Mettre au pas, de temps en temps, certains groupes radicaux palestiniens est une chose, entrer dans les camps en est une autre. Aucun leader sunnite, chiite ou druze n'aurait admis cette « invasion » ou cette « occupation » – les deux formules sont utilisées dans les cercles politiques. Le silence des canons est une mesure de sagesse, mais elle marque aussi les limites de l'action militaire libanaise contre les infractions quotidiennes à l'accord du Caire. Si les leaders chrétiens sont plutôt déçus, le haut commandement de l'armée ne l'est pas moins. Selon le général Iskandar Ghanem : « Nous étions déterminés à mater les fedayine rebelles. Soldats chrétiens et musulmans agissaient de concert, comme un seul homme, conscients d'accomplir leur devoir395. »

Une sévère leçon militaire aurait-elle empêché la suite des événements ? La question demeurera sans réponse. Pour l'heure, à Damas comme au Caire ou à Bagdad, les chefs d'État sont rassurés : les fedayine n'ont pas perdu la partie.

Le calme renaît de façon progressive. Les autorités libanaises confient ensuite au haut commandement de l'armée le soin d'établir avec les responsables militaires palestiniens les termes d'un nouvel accord, puisque celui du Caire avait été conclu entre les chefs militaires le 3 novembre 1969. Les hommes politiques devront se contenter d'agir dans les coulisses, cela ne diminuera pas leur rôle.

L'hôtel Melkart est transformé en centre de réunion. Les 15, 16 et 17 mars, toutes les issues menant à l'hôtel sont placées sous bonne garde, afin de permettre aux négociateurs de mener en toute quiétude leur mission. Le Liban est représenté par le colonel d'état-major Ahmad El-Hajj, le colonel Nazih Rached et le colonel Dib Kamal ; le lieutenant-colonel Sélim Moghabghab assistera uniquement à la première rencontre. La partie palestinienne a délégué le lieutenant-colonel Abou Al-Zaïm, membre du Fatah, Abou Adnan pour le Front démocratique de libération de la palestine (Fdlp), et Salah Salah, pour le Front populaire de libération de la Palestine (Fplp).

Les six négociateurs sont des professionnels chevronnés, également soucieux de mettre au point les bases d'une nouvelle entente. Il s'agit de préserver l'indépendance, la souveraineté et la stabilité du Liban, tout en sauvegardant les intérêts de la cause palestinienne. Les deux buts ne sont pas inconciliables, mais difficiles à placer dans une même équation.



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