Histoire du Liban contemporain (1860-1943) by Denise Ammoun

Histoire du Liban contemporain (1860-1943) by Denise Ammoun

Auteur:Denise Ammoun [Ammoun, Denise]
La langue: fra
Format: epub
Tags: det_, Histoire contemporaine, Liban, nouveaux
ISBN: 9782213649122
Éditeur: Fayard
Publié: 2014-03-31T22:00:00+00:00


La déclaration de Fayçal : « de l'encre sur du papier »

Au Mont-Liban comme dans les pays d'émigration libanaise, l'émotion est grande et la réaction immédiate. Le 10 mars, le patriarche Hoyek envoie deux dépêches, l'une à la conférence de la paix et l'autre au ministère français des Affaires étrangères, pour dénoncer la proclamation de Fayçal, rappeler les termes de son propre mémoire... À partir de New York, Naoum Moukarzel, président de la Renaissance libanaise, adresse au nom de 500 000 Libanais une dépêche de soutien à la troisième délégation. Parallèlement, Mgr Khoury et ses collaborateurs se rendent au Quai d'Orsay où Bargeton, un haut fonctionnaire, les rassure : « Le gouvernement français ne reconnaît pas la proclamation de l'émir Fayçal116. »

À Beyrouth, la presse se scinde. Les journaux musulmans applaudissent le « roi de Syrie », tandis que les journaux chrétiens dénoncent la démarche hachémite, et encouragent le Liban à proclamer sa propre indépendance.

À Baabda, le 22 mars, une manifestation impressionnante rassemble des milliers de personnes. Les patriotes s'insurgent d'une même voix contre la proclamation de Fayçal et réclament l'indépendance du Liban. Leurs leaders ont une liste de revendications qui se résument en cinq points : négation de la légalité du Congrès syrien, dont les décisions sont entachées de nullité absolue; soutien total à la troisième délégation libanaise à la conférence de la paix; indépendance du Liban; collaboration étroite avec la France. L'emblème du Liban est désormais le drapeau français avec un cèdre au centre de la bande blanche.

À Paris, la délégation libanaise fait remettre à la conférence de la paix un télégramme qui souligne la légitimité de la réunion de Baabda et rappelle les cinq revendications principales. De son côté, le général Gouraud envoie une dépêche à son gouvernement : « La manifestation de Baabda, qui s'est déroulée dans le calme, et dans un cadre légal, prouve une fois de plus la confiance que le peuple libanais place dans la France pour la défense de ses intérêts... qu'il faudrait concrétiser au plus tôt117. »

Le 22 mars est aussi la date de l'audience accordée par Alexandre Millerand aux délégués libanais. En réponse à leurs doléances, le nouveau président du Conseil se borne à dire : « Fayçal est libre d'agir comme il le veut. [...] Cela n'est que de l'encre sur du papier118. »

La phrase de Millerand est déjà une assurance. Mais les Libanais doivent poursuivre leurs contacts, parce que le coup de théâtre de l'émir Fayçal n'a pas désarmé les partisans français d'une Grande Syrie. Pour eux, la partie n'est pas encore perdue. Il demeure possible, sans reconnaître le nouveau roi, de dialoguer avec lui et de parvenir à une entente. Si bien qu'à Paris, pendant plusieurs semaines, les contacts franco-hachémites se poursuivent en sourdine. De leur côté, les délégués libanais s'efforcent d'élargir le cercle de leurs amis et de leurs protecteurs. Cette entreprise est facilitée par le fait qu'ils reçoivent nombre de lettres — envoyées par des députés, des sénateurs, des dignitaires religieux des personnalités françaises — qui leur fixent des dates de rencontre, afin de discuter des solutions du problème libanais.



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