Djebar Assia by Ouarda

Djebar Assia by Ouarda

Auteur:Ouarda [Ouarda]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2014-03-07T13:59:00+00:00


—J'ai fini !

Dans ma cellule, je goûtai une gorgée de café, pas plus ! Même si la faim me tenaillait, je voulais leur montrer, montrer devant la France, que j'étais rassasiée !

—Tu as bu, c'est fini? dit quelqu'un.

—C'est fini, je remercie Dieu !

Ils me firent monter en voiture. Vint l'officier ventru qui, la veille, m'avait frappée au visage. Il me parla en arabe :

—Sais-tu où tu vas maintenant ?

—Comment le saurais-je ?

—Est-ce que tu connais Gouraya?

—Je ne connais pas !

—Vous, les Arabes, vous ne savez que dire : « Je ne connais pas » !

—Quand on marche dans une forêt, dis-je, pourquoi connaître forcément le nom de cette forêt ?

Un autre Français, un officier également, s'interposa :

—Elle est jeune. C'est normal, si elle ne connaît pas !

Ce dernier monta dans la voiture, ainsi que le chauffeur et un goumier. Une jeep suivait. A chaque village que nous traversions, l'officier qui croyait vraiment que je ne reconnaissais pas les lieux, me précisait les noms arabes des villages. A Gouraya, Bérardi, le chef de la SAS, bien connu dans la région sortit et vint saluer l'officier. Celui-ci me murmura :

—C'est Bérardi !

Après Gouraya, nous sommes arrivés au lieu- dit « le bois sacré ». Je savais que se trouvait là la plus grande prison de la région. Un officier, un lieutenant nommé Coste, nous accueillit; il m'examina sans me parler, il hocha la tête :

—Emmenez-la en cellule! dit-il. Une cellule en plein soleil !

Quand il partit, l'officier de la voiture demanda une autre cellule pour moi. Un maquisard prison-nier, sans doute en cours d'interrogatoire, réussit à s'approcher de moi peu après :

—O ma sœur, où t'a-t-on prise?

Je l'examinai sans rien répondre. Lui, il conti-nuait avec hâte : « tu connais un tel, et un tel...

? » Je dis oui, car ma méfiance disparut. On me ramena à l'interrogatoire. Je répondis de la même façon qu'à Cherchell. Ils utilisèrent à nouveau l'électricité. Une fois, cela dura de l'aube jusqu'à deux heures de l'après-midi. Ce fut particulière-ment éprouvant.

Us me confrontèrent avec le goumier qui m'avait reconnue lors de mon arrestation et ils me menacèrent. Je ne me laissai pas intimider :

—Mettez-moi vingt ans de prison, si vous vou-lez, je ne suis pas perdante ! Quelle guerre a duré vingt ans? La nôtre ne va pas durer autant!... Faites de moi ce que vous voulez !

Finalement, ils me laissèrent dans ma cellule. De nuit comme de jour, la porte restait fermée sur moi. Un jour vint le lieutenant Coste. Il me demanda :

—Tu es bien ?

—Non, je ne suis pas bien ! J'éclate à cause de la chaleur!... Nous, quand nous avions les vôtres prisonniers chez nous, nous ne les enfermions pas ainsi, jour et nuit!... Nous, nous n'agissons pas injustement comme vous !

Ils me permirent alors de garder la porte ouverte sur la' cour. Si je voulais sortir un moment, je le pouvais. La nuit, ils refermaient la porte sur moi. Je suis restée ainsi sept mois ou davantage !

Par la suite, je pus circuler dans les cours du camp.



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