Dites-le avec des pruneaux [V2] by Brown Carter

Dites-le avec des pruneaux [V2] by Brown Carter

Auteur:Brown,Carter [Brown,Carter]
La langue: fra
Format: epub
Tags: polar
Éditeur: Gallimard
Publié: 2014-07-06T00:00:00+00:00


CHAPITRE X

Hammond jeta l’alarme par radio, de sa voiture. Quand nous rentrâmes à la Criminelle, Lavers nous attendait. Il nous considéra pendant un long moment avant de parler.

— C’est ma faute, dit-il enfin. Je ne devrais pas vous laisser sortir seuls le soir à trois. C’est trop dangereux ! Il vous faut une escouade pour vous protéger.

Je marquai le coup.

— Qui sait ? reprit-il, vous risquez de tomber sur un gangster de six ans armé d’une fronde et de vous affaler tous raides de peur !

— C’est…, commença Hammond.

— Bouclez-la ! Je n’ai pas fini ! Je n’en veux pas au sergent Polnik, mais à vous autres, lieutenants ! Et surtout à vous, Wheeler !

Il poussa un profond soupir et repartit de plus belle :

— J’ai passé ma journée à vous défendre contre Landis, Wheeler, mais je commence à croire qu’il a raison. Vous feriez très bien aux croisements, à diriger la circulation.

— Oui, chef, dis-je.

— Je vais me renseigner, grogna-t-il, et vous faire envoyer là où il y a les plus beaux embouteillages !

— Oui, chef.

— En attendant (et Lavers devenait violet), décampez !

— Oui, chef.

— Et que je ne vous revoie plus !

Je quittai prestement le bureau avant qu’il invente de nouvelles remarques du même tonneau. J’avais mes propres soucis, parmi lesquels mon petit cadavre personnel dont je devais me débarrasser au plus vite, surtout avec la tournure que prenaient les choses.

Je rentrai chez moi, allai dans la salle de bains et soulevai Talbot. Je ressortis avec mon fardeau et chancelai dans le couloir, le portant et le tramant à moitié, en priant le Ciel que je ne rencontre personne en chemin. Je pourrais toujours dire que mon copain avait un peu trop bu, naturellement, mais qui me croirait ? La plupart des gens ont la déplorable habitude de reconnaître un cadavre pour ce qu’il est.

J’eus de la chance et ne vis pas une âme. Je parvins à hisser Talbot sur le siège avant de la Healey et l’assis bien gentiment contre le dossier. Je démarrai et, à chaque tournant, sa tête dodelinait de façon grotesque.

Quand j’arrivai au Sabot d’Or, la rue était déserte. J’ouvris une fois de plus avec les clés de Minuit, sortis Talbot de ma voiture, le portai à l’intérieur de la cave et refermai la porte du pied.

Il faisait abominablement noir et l’endroit sentait le vide et le moisi. Le coin idéal pour disposer d’un cadavre embarrassant. Je tâtonnai prudemment sur l’escalier, traînant le corps derrière moi. A chaque marche, sa tête résonnait lugubrement, et ce n’est pas le genre de bruit qu’il est agréable d’entendre dans une obscurité qui me paraissait presque palpable.

J’atteignis le bas des marches, et le cadavre rebondit sur la dernière et toucha le sol. Je m’arrêtai un instant pour respirer, et mon cadavre se cogna encore un coup.

Il me fallut bien trois secondes pour comprendre que le corps n’avait pas pu rebondir puisqu’il était arrivé déjà au terme de sa course. Et encore une seconde, les cheveux hérissés sur la nuque, pour me dire que quelqu’un ou quelque chose d’autre était responsable du bruit.



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