Castro, c'est trop! by Jean-Jacques Reboux

Castro, c'est trop! by Jean-Jacques Reboux

Auteur:Jean-Jacques Reboux [Reboux, Jean-Jacques]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 2842193504
Éditeur: Éditions Baleine


17

Gabriel remonta le Prado jusqu’au Malecon et alla s’asseoir sur la promenade ombragée du paseo. Fransisco Platet était mort. Odalia ne donnait pas signe de vie. Balthazar n’était pas venu au rendez-vous. Simone s’était volatilisée, peut-être victime d’un enlèvement. De même que Salma, dans une moindre mesure. Et maintenant Cecilia et son perroquet, embarqués par la police. Tous les Cubains qu’il avait rencontrés disparaissaient les uns après les autres. Ceux qui tiraient les ficelles étaient bien organisés. Ce n’était peut-être pas plus mal de partir pour Trinidad. Gabriel s’étira. Il avait envie de dormir. S’oublier. Il passa le doigt sur sa cicatrice. Un vieux Cubain passa, une canne à pêche à la main. Des gens pêchaient sur le Malecon ; il n’y avait pas si longtemps, on croupissait en prison pour moins que ça. Un type en salopette faisait les poubelles, un tuyau d’arrosage autour du cou. Une vieille dame indigne marchait à reculons, sur la pointe des pieds. Des mômes patinaient avec des diables trafiqués. D’autres essayaient d’attraper la branche d’un arbre en riant aux éclats. Sur le banc d’en face, deux jineteras asticotaient un touriste qui fumait le cigare. Un gosse de huit, neuf ans qui jouait avec un bâton s’arrêta près de lui, juste pour lui dire « hola », avec un sourire malicieux. Gabriel s’était assoupi. Quand il se réveilla, un passant facétieux l’avait coiffé d’une cocotte en papier confectionnée avec un vieux numéro de Granma.

Un groupe de trois Cubains s’était arrêté devant lui pour discuter, deux jeunes métis et un Blanc beaucoup plus âgé. Le vieux le regardait avec insistance. Il se disputait avec les deux jeunes qui voulaient partir. Gabriel lui fit un signe de la main. L’homme s’approcha. Que risquait-il à tenter quelque chose ? Au point où il en était. Le type envoya balader ses copains et prit place à côté de lui. C’était un homme d’une cinquantaine d’années, avec un faux air de Clark Gable. Un bel homme avec de belles rides. Il pointa le doigt vers lui, sa main tremblait un peu. « Tu abuela… Tu abuela es enferma22. »

Gabriel leva la tête, interloqué. Probable qu’il voulait des dollars pour sa grand-mère malade.

— Tu abuela ? Vous voulez de l’argent ?

— No. Tu abuela. Tu abuela es enferma.

— Ça, ça m’étonnerait. Ça fait une paie que mi abuela est morte.

— Cuando tu abuela es enferma, reprit-il en pointant le doigt sur son cœur. Está muy mal.

— Elle est morte, je te dis, poursuivit Gabriel en espagnol.

— Ta grand-mère est morte, mais ton grand-père ?

Le mec avait de la suite dans les idées. Gabriel commençait à comprendre pourquoi ses copains n’avaient pas insisté pour le garder avec eux.

— Il est mort aussi. Et mon père aussi est mort.

— Oui, je sais. C’était un homme à poigne… Quand tu étais petit, tu adorais grimper aux arbres. Lui ne voulait pas. Tu as fait une chute grave à l’âge de cinq ans, il était très mécontent.

De la suite dans les idées et réponse à tout.



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