Au commencement by Ivan Zinberg

Auteur:Ivan Zinberg [Ivan Zinberg]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier & Thriller
Éditeur: HarperCollins
Publié: 2023-08-29T10:25:12+00:00

26

La préfecture était située sur l’île de la Cité. Épicentre du pouvoir policier, elle abritait plusieurs directions, dont l’héritière des renseignements généraux, la Direction du renseignement de la préfecture de police. Cette entité opérait dans plusieurs domaines, dont la prévention du terrorisme, la lutte contre l’économie souterraine ou l’ordre public.

Rendez-vous avait été pris avec Martine Corso, une major de police spécialiste des mouvances radicales. Luc et elle avaient sympathisé trois ans plus tôt, à l’occasion du pot de départ en retraite d’un ami commun. Passionnés de sport, ils allaient courir ensemble deux fois par mois aux Buttes-Chaumont ou au parc de la Villette.

Luc se gara quai des Orfèvres. Il remonta la voie à pied et passa devant l’ancien bâtiment du 36. Les souvenirs jaillirent. Affaires traitées. Locaux mythiques. Histoire du lieu. Le siège de la PJ dégageait une charge émotionnelle considérable. Il n’en conservait que de bons souvenirs. Il s’installa à la terrasse du Soleil d’Or, un restaurant prisé des policiers. Il fit signe à un serveur.

— Un jus de tomate, s’il vous plaît.

La plupart des clients prenaient le soleil en pull ou en chemise. Luc observa le ciel bleu. L’été forçait le passage dès le mois d’avril. Portable en main, il consulta l’actualité, dominée par le débat de la veille. L’affaire du 93 arrivait en deuxième position. On privilégiait maintenant la thèse d’un « nazillon » aux motivations racistes, antisémites, homophobes… Le vent tournait. L’histoire de la croix gammée était reprise par plusieurs médias. Delmas soupira. Les fuites se multipliaient de façon inquiétante.

En revanche, Mediapart n’avait rien publié à propos de la vidéo reçue. Un peu d’éthique, pensa Delmas. Le matin même, il avait eu une discussion à ce sujet avec Martial et Tomasini. Les recherches sur l’origine de l’envoi ne donnaient rien.

Vers 10 h 30, il pénétra dans le bureau de Martine Corso. Brune, cheveux courts, athlétique, la major avait la particularité d’être souriante et d’humeur toujours égale. Mère de quatre enfants, hyperactive, elle jonglait entre travail, sport, activités associatives et obligations familiales, sans jamais paraître débordée. Avec elle, les contacts étaient proscrits. Exit les bises ou les poignées de main. Masque obligatoire.

— Si je peux éviter de ramener ça chez moi…

Ils sortirent parler dehors, masqués malgré tout. Dans la cour, d’autres flics prenaient moins de précautions. On fumait, on buvait des cafés en groupe. Sur ces questions, Luc était plutôt souple et ne jouait pas les ayatollahs. Il respectait néanmoins les choix de sa collègue.

— Tu t’en sors avec ton affaire ?

Il lui résuma les dossiers. Elle le questionna sur des points procéduraux. Puis il en vint au sujet. Les profils possibles. Si Martine travaillait sur l’islamisme, la spécialité historique de cette ancienne des RG34 était l’extrême droite.

— Ces dernières années, expliqua-t-elle, la majorité des attentats commis ou évités étaient liés au terrorisme islamiste. Mais quelques-uns concernaient l’ultra-droite. L’affaire de l’OAS, par exemple.

Luc s’en souvenait. À la base, l’Organisation de l’armée secrète était un groupe politico-militaire créé pendant la guerre d’Algérie. Il laissa sa collègue poursuivre.

— Ce groupuscule avait copié la structure de la véritable OAS de l’époque.

Télécharger

Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.