1977 by Peace David

1977 by Peace David

Auteur:Peace, David [Peace, David]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman noir
ISBN: 978-2743613815
Éditeur: Rivages
Publié: 2005-03-04T00:00:00+00:00


TROISIÈME PARTIE

God Save the Queen

John Shark : L’auditeur suivant ?

L’auditeur : Je voulais seulement dire que c’est une bonne reine, qu’elle incarne la Grande-Bretagne.

John Shark : C’est tout ?

L’auditeur : Oui.

The John Shark Show

Radio Leeds

Mercredi 8 juin 1977

11

Leeds.

Mercredi 8 juin 1977.

Ça recommence :

Quand les deux sept s’entrechoquent…

Projeté dans une nouvelle aube torride sur une nouvelle scène antique parsemée de morts, de Soldier’s Field jusqu’ici, ça recommence.

Mercredi matin, portes grandes ouvertes, le matin d’après la nuit d’avant, drapeaux en lambeaux, Union Jacks en berne.

Phalanges blanches et crispées dans la prière sur le volant, pied au plancher.

Les voix, dans ma tête, grouillantes de mort :

Mercredi matin – un imperméable sur elle, ses chaussures posées sur ses cuisses, une culotte blanche laissée autour d’une jambe, un soutien-gorge rose remonté, le ventre et les seins évidés au tournevis, le crâne défoncé à coups de marteau.

Voitures et camionnettes arrivent à toute vitesse de toutes les directions, hurlant :

Nous nous dirigeons vers Chapeltown.

Je me gare, je prie, je passe mon marché :

Seigneur, je vous en prie, ô Seigneur, faites qu’elle soit saine et sauve, je vous en prie faites que ce soit quelqu’un d’autre et, si elle est saine et sauve et que c’est quelqu’un d’autre, je la laisserai tranquille, je retournerai auprès de Louise et j’essaierai une nouvelle fois. Amen.

Moi, abandonnant la Granada d’Eric dans un coin, suivant les sirènes jusqu’à Chapeltown.

Chapeltown – notre ville pendant un an ; la rue verdoyante avec ses vieilles villas élégantes, le petit appartement miteux que nous emplissions de sexe, cachés au reste du monde, au reste de mon monde.

Et je prends Reginald Street. Au carrefour, gyrophares bleus tournant en silence, morts vivants sur tous les pas de porte, la bouche ouverte, avec leurs bouteilles de lait, et je passe devant le Community Center, devant les agents en uniforme, sous le ruban en plastique et entre les barrières, je pénètre dans le terrain de jeu sauvage, cette scène antique où les marionnettistes animent nos membres en bois, nous font gratter nos têtes en bois de nos mains en bois, et Ellis lève la tête, dit :

— Nom de Dieu, putain…

Et ils sont tous là :

Oldman, Noble, Prentice, Alderman et Farley ; Rudkin traversant le terrain de jeu au pas de course pour se diriger vers moi.

Et je fixe le corps gisant sur le sol, sous l’imperméable, je maudis Dieu et tous ses putains d’anges, goût de sang et de fin du monde dans la bouche.

Je vois des cheveux noirs sur la terre.

Rudkin me prend par le bras, me fait pivoter et dit :

— Où tu étais bordel, où tu étais bordel, où tu étais bordel ?

Inlassablement, interminablement.

Et je fixe le corps gisant sur le sol, je maudis toujours Dieu et ses putains d’anges, et je pense :

Il n’y a pas d’autre enfer que celui-ci.

Maudissant tous ces faux enfers bourrés de simulateurs : ces généraux et leurs sorcières.

Je vois des cheveux noirs.

Et Rudkin me regarde dans les yeux, mes yeux regardent au-delà de lui, et je me dégage et je



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