032 - La vérité en salade by Dard Frédéric

032 - La vérité en salade by Dard Frédéric

Auteur:Dard, Frédéric [San-Antonio, San-Antonio]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
ISBN: 9782265091375
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 1958-11-05T23:00:00+00:00


CHAPITRE IX

Dans lequel j’ai de plus en plus l’impression

de m’être fourvoyé dans le Palais des mirages

Je ne sais pas pourquoi, soudain, dans ce bureau d’homme d’affaires cossu, j’ai la désagréable impression que la réalité n’est pas réelle ; que tout est illusion, mirage et consorts…

Vous allez me répondre (si vous êtes poètes) que la vie elle-même est un mirage, une monstrueuse escroquerie à l’illusion, mais ma vie présente a franchement droit à un tour d’honneur dans le domaine du farfelu. M. Bisemont sortirait un lapin russe de son falzar ou se déguiserait en crème de beauté que je n’en serais pas autrement surpris.

— Vous étiez au courant ! bégayé-je, avec la voix flageolante du monsieur qui vient de se farcir une dame sans s’apercevoir que son mari roupillait au bout du lit.

Il a une mimique amère.

— Depuis toujours, mon cher monsieur. Ma femme est une nymphomane. Le premier mois de notre mariage, elle violait le garçon boucher. C’est vous dire…

« Lorsque j’ai compris qu’il n’y avait rien à faire contre ses débordements, j’ai fermé les yeux pour éviter le scandale ! C’est ce qu’on appelle la part du feu !

La part du feu au chose, oui ! Plutôt la part du lion (et pas celui de Belfort) ! Car mon petit doigt me dit que ce digne homme tenait à la dot de son incendiaire épouse. Il se foutait pas mal qu’elle roussisse la toile des draps pourvu qu’il puisse faire fructifier son flouze. Le fric qui abîme tant de choses en arrange beaucoup d’autres. Il rend compréhensif et même tolérant. D’ailleurs c’est lui qui est à la base des maisons de tolérance, ça veut tout dire, non ?

— Depuis quand avez-vous appris qu’elle avait des bontés pour ce Suquet ?

— Depuis le jour où elle me montra une lettre de chantage. J’ai fait faire une petite enquête par un policier privé et j’ai appris de la sorte l’existence de Suquet…

— Alors ?

— Je suis allé trouver ce garçon !

— Vous ?

— Oui. Je lui ai dit qui j’étais et je lui ai montré qu’il était bien inutile d’essayer de faire chanter ma femme ! Il a compris et, je crois, n’a plus réitéré sa petite saloperie…

Je me mets à lui raconter par le menu la suite des événements.

Bisemont m’écoute gravement… Sans m’interrompre. Lorsque j’ai fini de jacter, il promène sa main racée sur sa calvitie et esquisse une petite grimace.

— Tout cela ressemble à un monstrueux enfantillage, dit-il.

— C’est aussi mon avis, monsieur Bisemont. Mais lorsqu’un enfantillage se termine par un meurtre, il mérite qu’on s’y arrête !

— Oui, évidemment…

Le soupir qu’il exhale me laisse entendre que s’il avait la faculté de recommencer sa vie, il épouserait une vache normande, une brouette chinoise, une caisse d’horloge, mais surtout pas sa femme actuelle.

— Monsieur Bisemont, attaqué-je, j’espère que vous ne prendrez pas ma question en mauvaise part, mais je suis obligé de vous demander ce que vous faisiez cette nuit, entre onze heures du soir et une heure du matin !

— C’est l’heure à laquelle ce garçon a été tué ? demande-t-il.



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