Qui a tué Sir Charles ? by J. B. Livingstone

Qui a tué Sir Charles ? by J. B. Livingstone

Auteur:J. B. Livingstone [Livingstone, J. B.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier, Littérature française
Éditeur: du Rocher
Publié: 2016-12-25T00:00:00+00:00


CHAPITRE XIII

Higgins et Marlow quittèrent Londres à minuit et demi. Les routes étaient glissantes, mais il avait cessé de pleuvoir. L’herbe mouillée avait cette odeur envoûtante qui envahit les sens et procure une paix toute simple, une communion directe avec une nature offerte aux éléments.

La campagne anglaise ravissait Higgins. Secrète et accueillante à la fois, elle avait conclu un pacte avec l’homme, qui pouvait y habiter à condition de lui accorder un maximum de liberté et de respect. Aucun jardin anglais ne ressemblerait jamais à ces ensembles français taillés à la serpe et à la cisaille, aux lignes impeccables, aux allées rigides, aux bosquets enfermés dans des formes froides. Un arbre ne devait-il pas pousser là où il avait choisi de vivre ?

Scott Marlow, qui n’avait pas l’âme bucolique, se concentrait sur sa conduite.

— Avez-vous progressé, Higgins ?

— Plus ou moins, superintendant.

— J’ai lancé les avis de recherche. Gary Wells ne passera pas à travers les mailles du filet. Par moments, j’aimerais mieux ne jamais le revoir. La disparition de Sir Charles resterait une affaire classée.

— Lady Ruth est persuadée que son ex-mari ne se droguait pas.

— Ah ? Elle pourrait en témoigner ?

— Sûrement. Elle croit qu’il avait acheté de la drogue pour l’un de ses proches.

Scott Marlow reprit subitement espoir.

— L’a-t-elle nommé ?

— Le souffleur, Michael Rolcomb.

Le superintendant appuya sur l’accélérateur, dépassant la vitesse autorisée.

— Et nous partons pour Shakespeares’ Lodge afin de l’arrêter séance tenante ! Superbe, Higgins. Plus de scandale et un coupable tout désigné !

— Coupable de quoi, mon cher Marlow ?

— Eh bien… Vous venez de le dire vous-même : de se droguer et d’avoir assassiné son ami Sir Charles, probablement dans un accès de démence.

— J’ai le sentiment que vous outrepassez quelque peu ma pensée, superintendant. Si Michael Rolcomb avait assassiné Sir Charles, il aurait agi à Shakespeares’ Lodge, ne croyez-vous pas ? Qu’il se drogue n’est pas encore un fait acquis. L’accusation est portée par Lady Ruth.

— Cette femme sait ce qu’elle dit, estima le superintendant. Elle ne parle pas à tort et à travers. Michael Rolcomb a pu quitter son grenier et se rendre à Londres pour y assassiner Sir Charles.

— Et le mobile ?

— Nous le découvrirons. L’important, c’est de tenir un coupable qui nous évite tout scandale.

— Pas au prix de la vérité.

Marlow grommela une réponse indistincte.

— Vous n’êtes pas un policier à déguiser les événements pour éviter un scandale, affirma Higgins.

— Évidemment non. Mais avouez que ce souffleur ferait un assassin idéal.

— C’est selon, mon cher Marlow.

Les deux policiers n’échangèrent plus un mot jusqu’à l’entrée du domaine de Sir Charles. L’air était lourd. Higgins écouta le vent qui soufflait dans les arbres, les faisant se tordre comme des prisonniers suppliciés. Malgré la fraîcheur de la nuit, un orage s’annonçait.

Shakespeares’ Lodge avait une allure sinistre.

Quand les deux policiers descendirent de la Bentley, une chouette les survola.

— Les fauves sont peut-être lâchés, suggéra Scott Marlow. Je klaxonne pour prévenir l’Hindou.

Les sons aigrelets émis par l’avertisseur ne rassurèrent pas le superintendant. Au loin, le manoir restait plongé dans les ténèbres.



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