Pour l'honneur de la tribu by Wendy Constance

Auteur:Wendy Constance [Constance, Wendy]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Jeunesse
Publié: 2015-03-11T23:00:00+00:00

22

CHEVAL SAUVAGE

Cheval Sauvage enfila ses jambières. En frottant sa peau, le cuir provoqua de petits frissons de douleur. Il réprima une grimace, il ne voulait pas que Mésange Bleue vît sa souffrance. Ce n’était pas bien qu’elle soit allée chasser seule pendant qu’il dormait. Et qu’elle l’ait laissé dormir jusqu’à ce que le soleil soit haut dans le ciel. S’il l’avait accompagnée, ils auraient eu plus de chances de revenir avec une prise. Elle avait rapporté du bois, mais pas de gibier.

– Sais-tu ce que disait notre chaman ? demanda Mésange Bleue.

– Non.

– Que si on était courageux et fort sans être sage, on ne vivrait pas longtemps.

Cheval Sauvage grogna en essayant de se souvenir de ce qui s’était passé avant qu’il ne s’endorme.

– Je t’ai vu courageux et fort, Cheval Sauvage. Maintenant, tu dois être sage. Tu es trop faible pour chasser. Tu dois te reposer près du feu pour restaurer tes forces.

Il tapa du pied comme un poulain pris au piège. Un spasme de douleur remonta le long de sa jambe. Mésange Bleue avait raison. À chaque pas, il éprouvait de douloureux élancements, et tout son corps était parcouru de frissons. Il boitilla jusqu’au feu.

– Laisse-moi remettre du baume sur tes blessures.

Il accepta de retirer ses jambières et de s’asseoir près du feu, enveloppé dans sa peau de chameau. Des taches bleu nuit recouvraient ses jambes. Il tressaillit lorsqu’elle tamponna ses cloques. Même si ses gestes étaient doux, il avait l’impression qu’elle le transperçait avec des aiguilles brûlantes.

Ils mangèrent les maigres restes du lapin, puis Mésange Bleue repartit chasser avec Paska, laissant Cheval Sauvage surveiller le bébé tigre. Son estomac criait famine, mais il doutait que Mésange Bleue trouve quoi que ce soit. Si seulement il avait pu aller chasser avec elle… mais il n’en avait pas la force.

Terrassé par la fatigue, il s’allongea dans sa peau de chameau. Le tigreau dormait, roulé en boule, son pelage ébouriffé se soulevait doucement à chaque respiration et il remuait de temps en temps les moustaches.

Ce serait si simple de passer les mains autour de son cou… Il veillerait à ce que sa mort soit rapide. Il se voyait déjà en train de dépecer le petit corps et de le poser sur les pierres brûlantes du feu. Le jus coulerait et les flammes viendraient lécher la viande en train de cuire.

Il s’empara de son couteau…

– Oh, mon petit fripon ! s’exclama soudain la voix de Mésange Bleue.

Il retira vivement la main. Mais il ne tenait pas de couteau. Tout n’avait été qu’un rêve.

Mésange Bleue jeta quelque chose par terre et prit le tigreau dans ses bras.

– C’est une chance qu’on soit rentrées à temps. Le feu est presque mort et ce fripon-là s’est réveillé pendant que tu dormais.

Cheval Sauvage fixa les braises qui luisaient faiblement. Il secoua la tête pour effacer de son esprit l’image de ses mains en train de serrer le cou du tigreau.

– Ça va ? s’enquit-elle.

Il ne sut que répondre. Elle installa le bébé à téter, puis elle ramassa ce qu’elle avait jeté par terre en arrivant.

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