Olympe comédienne - T09 by Anne-Marie Desplat-Duc

Olympe comédienne - T09 by Anne-Marie Desplat-Duc

Auteur:Anne-Marie Desplat-Duc [Desplat-Duc, Anne-Marie]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Histoire, Jeunesse
Éditeur: Flammarion
Publié: 2010-02-10T23:00:00+00:00


CHAPITRE

19

M. Baron me tendit sa cape, dans laquelle je m’enveloppai, puis il m’aida à monter en croupe et sans plus de façon s’installa derrière moi. J’étais fort gênée de sentir le poids de son corps contre moi. Il paraissait parfaitement à l’aise. Il piqua des deux et nous nous éloignâmes au trot. Je tentai de me retourner pour apercevoir la silhouette de Marie, lui adresser un signe d’au revoir, mais cela me fut impossible, car les bras puissants du cavalier m’enserraient le torse.

Dieu que je fus secouée !

Le trajet me parut interminable.

Nous n’échangeâmes pas un mot. De temps à autre, M. Baron lançait un cri au cheval pour lui intimer l’ordre de ralentir, d’accélérer, d’aller plus à gauche ou à droite. J’espérais chaque fois que ce serait un cri pour l’arrêter afin que je puisse en descendre, mais une éternité s’écoula avant qu’il ne criât en tirant sur les rênes :

— Ho ! Ho !

Il sauta de l’animal avec adresse, et m’invita à me laisser glisser entre ses bras. Le vent m’avait assourdie, la poussière me piquait les yeux, j’avais le dos rompu, ma jupe était froissée et mes cheveux décoiffés pendaient lamentablement sur mes épaules.

Nous étions devant l’auberge du Grand Bœuf, qui me parut bâtie en pleine campagne.

— C’est ici que nous logeons, m’annonça M. Baron. Venez, je vais vous présenter à la troupe.

Je le retins par le bras et lui dis :

— Il me gênerait d’exercer ce métier sous mon véritable nom… je… enfin…

— Oh, ne cherchez point d’excuse, vous n’êtes pas la seule dans ce cas. La moitié de la troupe porte un nom d’emprunt. Quel sera le vôtre ?

Je réfléchis un instant et, en souvenir de la douce Marie, je proposai :

— Mlle Olympias.

De l’extérieur nous parvenaient des éclats de rire, des bruits de conversation, et lorsque M. Baron poussa la porte, des relents de potage, de viandes rôties, de vin mêlés aux odeurs corporelles de ces hommes et femmes ayant voyagé de longues heures par tous les temps et les mauvais chemins me saisirent à la gorge. On n’y voyait goutte, car la fumée de l’immense cheminée déposait un voile dans la salle où le jour pénétrait seulement par deux petites fenêtres aux carreaux sales.

— Ah ! Baron ! s’exclama un jeune homme, on a mangé sans toi, pour pouvoir répéter.

— Vous avez bien fait.

Puis il interpella un gros bonhomme au ventre ceint d’un tablier répugnant :

— Ho, l’aubergiste, apporte-nous deux assiettes de ton potage !

L’autre maugréa je ne sais quoi en entrant dans sa cuisine. Pendant ce temps M. Baron me présenta :

— Voici donc Mlle Olympias dont nous avions tous remarqué le talent chez Mme de Montgilbert.

Puis, se plantant devant une longue table entourée de convives, il me désigna la plus âgée et ajouta :

— Mlle Debrie qui joue à merveille les prudes, les mères possessives mais aussi les pères bougons lorsque les rôles masculins sont trop nombreux pour notre petite troupe. Elle s’occupe aussi des costumes et… et c’est une fameuse cuisinière



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