Natures mortes au Vatican4 by Barriere Michele

Natures mortes au Vatican4 by Barriere Michele

Auteur:Barriere,Michele
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2013-01-29T05:00:00+00:00


12

Il était illusoire de vouloir affronter Granvelle seul. Arcimboldo, ami intime de Maximilien de Habsbourg, souverain du Saint Empire germanique, le pourrait. Une fois libéré, il aurait beau jeu de confondre le cardinal. Le scandale serait énorme. Granvelle ne s’en remettrait pas et ses tentatives de chantage cesseraient d’elles-mêmes.

La première chose à faire était de trouver Torquato Tasso ou Pirro Ligorio. Torquato, né à Sorrente, Pirro né à Naples pourraient lui fournir des informations utiles.

François se rendit le lendemain soir chez Passeroti où se réunissaient les membres de l’ Academia L’ambiance était maussade. Son arrivée suscita des cris de joie. Tous se réjouissaient de le revoir et l’entouraient tout en lui lançant quelques quolibets sur sa défection et l’obligation qu’ils avaient eue de commander leurs repas chez d’infects aubergistes. Emilia restait à l’écart, nullement pressée de l’accueillir. Il s’approcha d’elle, mais comprit à son regard froid qu’il aurait du mal à reconquérir la belle. Elle n’avait sans doute pas supporté qu’il ne lui témoigne plus un empressement de tous les instants. François prit conscience qu’une page de sa vie était tournée. Adieu l’insouciance et la vie facile ! Il déposa un baiser léger sur la main qu’elle lui tendait et inclina la tête pour lui signifier qu’il avait compris le message. Sa vie amoureuse sombrait, elle aussi, dans le néant. À vrai dire, il n’en éprouvait ni peine ni regret. Sa relation avec Emilia n’était basée que sur les artifices de la vie romaine et elle aurait pris fin, un jour ou l’autre.

Auprès d’elle Torquato lui débitait compliment sur compliment. François demanda l’autorisation à la courtisane de lui enlever le jeune homme quelques instants. Emilia lui lança un regard plein de reproches et s’éloigna. Torquato bougonna que François avait laissé le champ libre et qu’il s’était senti autorisé à prendre sa place.

— Fais ce que tu veux avec elle, cela m’importe peu, le rassura François.

Torquato le regarda avec étonnement et voulut rejoindre Emilia. François le retint par la manche.

— Attends, j’ai besoin de toi. Tu connais bien Naples ?

— Bien sûr. Sorrente n’en est qu’à quelques dizaines de milles et j’y ai même passé une partie de mon enfance.

— La sibylle de Cumes, cela te dit quelque chose ?

— Évidemment, mais j’ai mieux à faire que de m’occuper d’une vieille femme laide et rabougrie, morte depuis mille ans, alors que la plus jolie fleur de Rome attend que je prenne soin d’elle.

— Raconte-moi à quoi ressemblent les lieux, insista François.

— Tu m’ennuies avec ta sibylle. Si tu es si intéressé, viens avec moi. Je pars pour Naples dans deux jours. Fin octobre, je dois accompagner mon protecteur, Louis d’Este, en France. Auparavant, je souhaite revoir quelques lieux qui ont ensoleillé mes jeunes années. Pour l’instant, laisse-moi m’occuper de la belle Emilia.

Partir à Naples. C’était, bien sûr, ce qu’il devait faire, même si l’entreprise était incertaine. Comment s’y prendrait-il pour retrouver la piste d’Arcimboldo ? Mais plutôt que de se ronger les sangs à Rome, mieux valait aller de l’avant.Fort de sa décision, il se mêla aux discussions de ses camarades.



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