Les sables de Mars by Arthur C. Clarke

Les sables de Mars by Arthur C. Clarke

Auteur:Arthur C. Clarke [Clarke, Arthur C.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Science-Fiction
Éditeur: Milady
Publié: 2016-02-18T23:00:00+00:00


1. Mont Palomar : site d’un observatoire appartenant au California Institute of Technology (Caltech), au nord de San Diego. (NdE)

Chapitre 10

Le Grand Hôtel martien n’abritait maintenant pas moins de deux clients, ce qui imposait un effort sévère à son personnel de fortune. Les compagnons de Jimmy s’étaient arrangés pour être hébergés chez des amis, mais comme lui-même ne connaissait personne à Port Lowell, il avait dû se résigner à accepter l’hospitalité officielle. Gibson se demandait si cela irait sans inconvénient. En effet, il ne désirait pas forcer une amitié qui, malgré tout, était encore fragile et provisoire. Or, si Jimmy demeurait en contact permanent avec lui, les résultats pouvaient être désastreux. L’écrivain se souvenait d’une épigramme composée un jour par un de ses ennemis et qui disait : « Martin est le meilleur garçon du monde, à condition que vous ne le voyiez pas trop souvent. » Il y avait assez de vérité là-dedans pour le blesser, et Gibson se souciait peu de refaire une expérience de ce genre.

Peu à peu, sa vie avait adopté une routine assez stable. Le matin était consacré au travail. C’était le moment où il jetait sur le papier ses impressions sur Mars, non sans présomption d’ailleurs, puisqu’il n’avait vu jusque-là qu’une bien minime partie de la planète. L’après-midi était réservé aux tours d’inspection et aux interviews des habitants.

Jimmy l’accompagnait parfois dans ces visites, et une fois même, tout l’équipage de l’Arès s’était rendu avec lui à l’hôpital pour voir où en étaient le docteur Scott et ses collègues dans leur lutte contre la fièvre martienne. Il était encore trop tôt pour tirer des conclusions, mais Scott semblait assez optimiste :

— Ce qu’il nous faudrait, disait-il en se frottant les mains avec nervosité, c’est une bonne épidémie qui permettrait d’essayer convenablement notre remède. Nous n’avons pas assez de cas en ce moment.

Jimmy avait deux raisons pour suivre le romancier dans ses démarches. Tout d’abord, son ami pouvait pénétrer à peu près partout où il le désirait, et c’était pour le jeune homme l’occasion de voir des endroits intéressants qu’il n’aurait jamais connus sans cela. Le deuxième motif, purement intime celui-là, était son intérêt croissant pour le singulier caractère de Martin Gibson.

Ce dernier n’avait jamais repris leur premier entretien, en dépit de rapports devenus très étroits. Jimmy sentait que le romancier était soucieux de s’attirer son amitié et de lui faire oublier ses erreurs du passé. L’étudiant était très capable d’accepter son offre, car il pressentait assez bien que Martin pouvait lui être extrêmement utile dans sa carrière. Comme beaucoup de jeunes gens ambitieux, il évaluait froidement ses intérêts et composait son attitude en conséquence. Gibson aurait été passablement consterné d’apprendre certains calculs de son protégé au sujet d’avantages que pouvait valoir son patronage.

Toutefois, il aurait été injuste de prétendre que l’esprit de Jimmy n’était occupé que par ces considérations matérielles. À certains moments, il comprenait la solitude intérieure de son ami, la solitude du célibataire qui prend de l’âge. Peut-être percevait-il aussi, encore inconsciemment, qu’il commençait à représenter pour lui le fils que Gibson n’avait jamais eu.



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