Clémente nous soit la pluie by Chevalier Chloé

Clémente nous soit la pluie by Chevalier Chloé

Auteur:Chevalier, Chloé [Chevalier, Chloé]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantasy, Littérature française
Éditeur: Les moutons électriques
Publié: 2020-06-09T22:00:00+00:00


Fort-Mistral

Juste avant que les troupes de Véridienne ne déferlassent sur celles des Éponas, je fuis la Vallée de la Tranquillité sur ordre de la reine Lufthilde, le cœur empli de la ferme intention de désobéir. Non, je ne traverserais pas le royaume une fois de plus, encore moins à fond de train, pour la simple raison que ses différentes dirigeantes estimaient que je faisais un messager fiable et fort commode ! J’étais le nouveau prince héritier de Véridienne, pas le larbin de Lufthilde, ni de feue Malvane, ni même celui de ma mère. Deux considérations d’ordre moral, toutefois, entravèrent au bout du compte mon désir de contrevenir aux ordres. D’une part j’emportais dans mon chariot le corps de Calvina, que je devais installer dans la crypte des Éponas. Cette petite reine, je l’avais chérie, et je répugnais à abandonner sa dépouille n’importe où. Elle méritait mieux que de passer l’éternité sous un cairn quelque part au bord de la Nérianne, ou dans la fosse commune d’un hameau quelconque. D’autre part, mon homologue du sud-est, la princesse héritière des Éponas, voyageait à mes côtés. Althilde avait beau ne pas se départir de son humeur morose et taciturne, ne plus jamais s’éclairer du moindre sourire, je ne devais pas moins la placer en sécurité. Mais où ?

Alors que, faute de mieux, nous poursuivions notre route à molle allure vers l’est, nous commençâmes à croiser, ponctuellement d’abord, puis quotidiennement, des groupes de réfugiés. Certains marchaient vers l’ouest, dans l’espoir de passer à Véridienne. D’autres, beaucoup plus nombreux, convergeaient vers le centre du domaine des Éponas. Les motifs de leurs départs demeuraient dans tous les cas semblables : Ceux de l’Est s’apprêtaient à envahir le royaume. Ou bien ils s’étaient déjà mis en branle. Ou bien ils s’étaient emparé de la forteresse. Mon instinct me soufflait de faire demi-tour, mais pourtant je continuais, contre mon gré. Bientôt les rumeurs concordèrent trop pour que je puisse les nier : inutile de poursuivre jusqu’au château royal, je n’y trouverais que les légions.

Nous franchîmes Flottre. Îlot désolé. Décombres noircis, puant le massacre. Juste après, je renonçai. Quitte à ne remplir aucune de mes deux missions, autant éclaircir un mystère. Nous mêlant à un groupe de malheureux, nous obliquâmes vers le nord et cette cité de Fort-Mistral, ce havre secret, cette promesse d’espoir dont les réfugiés, ou tous ceux qui ne désiraient pas le retour des Chats et de leur royauté, ne prononçaient le nom qu’à voix basse. Paudette, la gardienne d’Althilde, me grogna que je désobéissais à la reine Lufthilde, que je serais jugé pour haute trahison ; je lui grognai de se rappeler nos rangs respectifs. Je prenais notre vie en main, car j’en avais le droit. Si les Éponas étaient tombés, si Véridienne à coup sûr les suivrait bientôt, quel sens revêtait encore le pouvoir qu’on reconnaissait aux deux reines ? Fuir l’Empire jusqu’au bout du monde, fuir jusqu’à l’épuisement, ne rimait à rien. Il fallait au contraire accueillir notre destinée à bras ouverts, avec courage, et songer à l’avenir.



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