Continent perdu by Norman Spinrad

Continent perdu by Norman Spinrad

Auteur:Norman Spinrad [Spinrad, Norman]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Science-Fiction, Littérature américaine, Nouvelle(s)
Éditeur: Le Passager Clandestin
Publié: 1970-01-21T11:15:42+00:00


Au diable ce frère noir de Lumumba et au diable ces métroglodytes puants ! Oh ! ça me fait mal d’amener les Afros ici ! Il y a des moments où je me demande pourquoi je le fais, où je trouve que c’est moche, dégueulasse. Pas seulement à cause des glodytes, encore que ces créatures soient suffisamment répugnantes, mais à cause du fait de les montrer aux touristes africains et d’en tirer profit. Ça se vend comme des petits pains, cette balade, ils marchent à fond, les frères noirs, surtout les salauds dans le genre de Lumumba, mais si je n’avais pas tellement besoin de fric, je ne le ferais pas. C’est peut-être du patriotisme. Je ne suis pas assez patriote pour supprimer la visite des métroglodytes, mais je le suis quand même assez pour ne pas me sentir très fier de moi.

Je sais naturellement pourquoi ça me fait cet effet. Les métroglodytes sont les derniers descendants directs des gens de l’âge de l’Espace ; ils représentent en un sens le seul fragment de cette époque encore vivant, et ils sont effectivement ce que disait Lumumba : des larves, des abrutis et des crétins. Et, en plus, ce sont des épaves physiques. Des yeux à la gomme, des os caoutchouteux, des dents pourries, et si on en trouve un qui mesure plus d’un mètre cinquante, c’est un géant. Quand ils atteignent trente ans, c’est qu’ils ont eu de la chance. Il n’y a pas de smog dans la merde chimique qu’ils respirent, mais il n’y a pas assez d’oxygène non plus, et depuis deux cents ans qu’il brasse et rebrasse ses propres immondices, Dieu seul sait ce qu’il peut manquer et y avoir en trop dans l’air que fabrique le système de survivance du métro ! Il reste aux métroglodytes juste assez de jugeote pour entretenir le recycleur d’atmosphère, les hydroponiques et autres machins sans savoir exactement ce qu’ils font. Ce sont tous des débiles congénitaux et, à mesure que les années passent, l’air qu’ils respirent est de plus en plus vicié, les saloperies qu’ils mangent de plus en plus infectes, ils sont de moins en moins nombreux et de plus en plus stupides. Il paraît que, dans cinquante ans, ils seront éteints. Ils sont l’ultime vestige de l’âge de l’Espace, et leurs cerveaux étouffent lentement dans leurs propres immondices.

L’industrie du touriste est une façon sordide de gagner sa vie, c’est ce que je n’arrête pas de répéter à Karen. Chaque fois que je descends dans ce souterrain puant, il faut que je me dise que le marais amazonien que je guigne se rapproche d’un jour. Ça m’aide à me remettre le cœur en place.

J’ai fait avancer mon troupeau d’Afros sur le niveau supérieur de la station. Pas facile d’imaginer à quoi il ressemblait au juste, ce niveau, à l’âge de l’Espace : il ne reste plus rien debout, à part des tas d’appareils distributeurs, des comptoirs délabrés et des ordures. Il se prolonge dans toutes les directions et il y a plus d’anciennes bouches d’entrée que je n’en ai compté.



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