Le fantôme sait nager by R. B. Saxe

Le fantôme sait nager by R. B. Saxe

Auteur:R. B. Saxe [Saxe, R. B.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature américaine, Policier
Éditeur: Gallimard - Série Noire
Publié: 1954-03-07T23:00:00+00:00


CHAPITRE X

Dans le temps, à New-York, j’ai connu un nommé Willie Greenhorn, qui était le roi des farceurs. Il habitait un meublé de la Trente-septième rue avec un tas d’amis et connaissances et sa plaisanterie favorite, c’était de donner des surprise-parties où il invitait un tas de poules de tous calibres qu’il remplissait de gin à ras bord. Ensuite, quand elles étaient poivres au point de ne plus pouvoir rentrer chez elles, il les planquait adroitement dans les lits des amis et connaissances qui, comme par hasard, avaient presque tous des métiers, comme musiciens de jazz, barmen ou autres qui vous tiennent dehors jusqu’au petit matin. Après ça, le joyeux plaisantin s’installait confortablement dans la chambre, la porte entr’ouverte, et se fendait d’avance à l’idée des copains qui allaient rentrer chez eux et trouver leur petit Noël.

Oui. Eh bien ! si étrange que ça puisse vous paraître, la plaisanterie n’a jamais fait rigoler que Willie. D’abord, parce que la moitié des poules étaient plutôt vioques et toquardes au départ et qu’avec le gin en plus, c’était pas beau à voir dans un lit. Ensuite, parce que les quelques belles gosses du lot, celles qu’en temps normal on aurait saluées avec des cris de joie, ça ne ratait jamais : elles appelaient les flics en hurlant et criaient au charron quand le propriétaire légal prétendait occuper sa paillasse.

Donc, j’agrippe Mulligan par le revers de sa chemise et je le décolle du sol en l’étouffant à moitié.

— Sors-la de là ! je lui dis. Sors-la de là ! vivement, tu m’entends ? Sors-la de mon dortoir et fous-la dans l’escalier ! Fous-toi encore de ma gueule comme ça et tu verras, bougre d’enfant de…

— Mais enfin, monsieur Sammii, il bégaie. Elle très fatiguée. Très anormalement fatiguée. Très… fatiguée.

— Et alors ? Il y a que mon lit dans tout Londres pour planquer une sautée qui a pas de quoi se payer une carrée. Fous-la dehors, je te dis, ou sans ça…

— Mais… mais… monsieur Sammii, il hoquette. Très jolie dame. Très… très… jolie. Jolie, merveilleuse ! Im… par… donnable… la troubler.

Du coup, inconsciemment, je le serre un peu moins fort.

— Comment elle est ? je dis.

— Très… jolie ! il bafouille.

Je le lâche.

— Je m’en vais voir ça moi-même, je dis sévèrement. Mais de toute façon, elle prend la porte. Compris ?

Arrivé devant ma chambre, je pose la main sur le loquet, prêt à envoyer dinguer la porte contre le mur. Et puis, total, je me retrouve en train de l’ouvrir tout doucement, de quelques centimètres seulement.

Je passe la tête. Il fait noir, mais j’entends respirer. Doucement mais profondément et régulièrement.

J’écoute, puis j’ouvre encore un peu plus et je me faufile dans la chambre. Je vais tout doucement jusqu’au lit, j’allume la petite lampe de chevet et je vois qu’en effet, il y a une souris qui dort dans mon paddock, et qui c’est ?

Bon Dieu de tonnerre de vache ! Pearl ! La douce petite Pearl en personne ! Et j’ai passé la nuit à la chercher.



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