Le Boucher de Chicago by Bloch Robert

Auteur:Bloch, Robert
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Éditeur: 10-18
Publié: 1974-03-15T00:00:00+00:00

CHAPITRE XVI

Au restaurant tout proche où ils dînèrent, tout se passa le mieux du monde. Mais lorsque Gregg la laissa à l’entrée latérale de Wallace Avenue et que Crystal monta seule dans sa chambre du premier étage, ses doutes l’assaillirent de nouveau.

Jouer la comédie devant Gregg lui avait été relativement facile. Elle s’y était préparée, avait tout envisagé. Mais une fois seule elle se trouva devant la réalité avec tout ce qu’elle impliquait. Certes elle pouvait se féliciter de la réussite de son stratagème mais elle ne devait pas perdre de vue que Gregg jouait lui aussi la comédie.

Si seulement elle pouvait consulter Jim ! Mais il devait continuer d’ignorer où elle se trouvait et pour quelle raison. D’ailleurs tout le monde l’ignorait à l’exception de Charlie Hogan. En fait il était le seul dont elle pouvait attendre quelque aide.

Plus tard, lorsqu’elle se fut couchée et qu’elle eut éteint la lumière, elle se surprit à tendre l’oreille. Le silence était effrayant. Elle ne s’endormit qu’à l’aube d’un sommeil léger et entrecoupé. Puis vint, trop vite à son gré, l’heure pour elle de se lever et d’affronter une nouvelle journée.

Cependant elle retrouva de l’assurance, de l’équilibre et il en fut de même au cours des jours qui suivirent.

À son grand soulagement, elle découvrit que l’emploi du temps de Gregg était des plus simples. Il consacrait la matinée à lui dicter du courrier, et l’après-midi à exercer sa profession médicale. Crystal n’y jouait aucun rôle, car elle était bien trop occupée à taper les lettres adressées à des laboratoires pharmaceutiques ou à des clients de la côte Est. Une correspondance parfaitement normale faite de commandes et d’offres de produits. Bien entendu, Gregg dépouillait lui-même son courrier et ne lui en confiait qu’une partie. Il y avait par exemple les lettres personnelles qu’il n’ouvrait pas en présence de Crystal et glissait dans un tiroir de sa table de travail qu’il fermait soigneusement à clé. Impossible pour Crystal d’en connaître le contenu, pas plus qu’elle ne pouvait entendre les propos qu’il tenait dans son cabinet de consultation, à l’étage au-dessus.

Pour le moment, l’important, pour Crystal, était de s’acquitter de sa tâche à la satisfaction de Gregg, ce qui se révéla relativement aisé.

Quant au « château », il sortait vraiment de l’ordinaire. Après quelques jours, Crystal avait eu le droit de connaître l’existence de l’escalier dérobé qui s’ouvrait, au premier étage, derrière la porte numéro 17. Mais pourquoi aurait-elle mis en doute l’explication qu’il lui fournit ; son désir de se ménager une entrée secrète menant à son appartement personnel du deuxième étage ? L’appartement lui-même, à première vue, ne recelait aucun mystère, mais comme elle ne s’y trouvait jamais seule, elle ne put pas pousser très loin ses recherches. Elle n’ignorait pas qu’il y avait dans la chambre à coucher un coffre fermé à clé, mais le meuble en soi était fort beau, alors pourquoi imaginer qu’un cadavre y était dissimulé ? Quelques jours plus tard, Crystal apprit qu’un escalier, parallèle à l’autre, menait directement du rez-de-chaussée au bureau privé contigu à l’appartement.

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