La nef du lion by Montella Christian de

Auteur:Montella, Christian de [Montella, Christian de]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantasy, Jeunesse
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

Dans l’après-midi du septième jour, il rencontra une longue et haute muraille qui barrait l’horizon d’est en ouest. Quand il en fut assez proche, il s’aperçut qu’elle avait été laissée à l’abandon depuis bien longtemps. Certains pans de mur s’étaient à demi effondrés. Des herbes folles poussaient entre les pierres. Aucune sentinelle ne déambulait derrière les créneaux rongés par une mousse grise.

Il sut qu’il était parvenu à la moitié de son parcours.

Durant son enfance, dans le couvent où l’avaient élevé les nonnes et leur Mère supérieure, Galahad avait été éduqué pour devenir celui qu’il devrait être. Il avait appris à lire et à compter, certes, appris le maniement du bâton, puis celui de l’épée, de la lance et de la masse d’armes ; appris à monter et maîtriser un cheval. Il avait aussi appris certains secrets, qui devaient lui permettre de lutter victorieusement contre les magies noire et blanche de l’Ancien Monde, celui des Merlin, Viviane et Morgane, celui des druides, des magiciens et des sorciers. Il avait également étudié, sur un grand parchemin aux magnifiques enluminures, la carte des royaumes de Logres, de Galles, d’Écosse et d’Irlande. La Mère supérieure lui avait dit : « Tu dois connaître cette carte mieux que les lignes de la paume de tes mains, mieux encore que les traits de ton visage. Cette carte est un miroir. Grâce à elle, tu te reconnaîtras dans les îles de nos royaumes comme tu te reconnais quand tu te penches vers ton reflet dans l’eau. » Elle avait ajouté : « Tu es Élu par la Providence, mais cela ne suffit pas : tu dois mériter ton élection, tu dois travailler et apprendre. De ces royaumes, un jour, si Dieu veut et si tu suis fidèlement Ses voies, tu seras le sauveur et le roi. »

C’est donc sans particulière émotion que Galahad longea la haute et étrange muraille jusqu’à découvrir un passage lui permettant de la franchir. Car cette muraille, pour lui, n’avait rien d’étrange : c’était, il l’avait appris en étudiant le parchemin de la carte, ce qu’on nommait le Mur d’Hadrien. Un long rempart élevé, des siècles plus tôt, par d’anciens envahisseurs, qu’on appelait « Romains », et destiné à protéger l’Angleterre des incursions sauvages des tribus calédoniennes vivant au nord. Galahad savait aussi que, franchie cette muraille, il entrerait dans un monde inconnu.

Il se pencha sur l’encolure de son cheval et lui caressa le chanfrein.

— Allons, dit-il. La moitié du chemin nous reste à faire.

★

Après le Mur d’Hadrien, le paysage changea. Aux vallons verdoyants et aux forêts de chênes succédèrent de larges étendues plates de bruyère et de cailloux. Puis, un jour de marche plus tard, s’élevèrent des collines, sans arbres, où soufflait un vent étonnamment froid malgré l’été.

Galahad avançait. Escaladait les pentes parfois escarpées des monts calédoniens. Redescendait vers ce qui ressemblait à des vallons, mais étroits, difficiles d’accès, où chahutaient des ruisseaux glacés comme des torrents.

C’est en en franchissant un que tout à coup son cheval trébucha. Malgré toute sa science de cavalier, Galahad ne parvint pas à retenir sa chute.

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