Le bossu by Féval (père) Paul

Le bossu by Féval (père) Paul

Auteur:Féval (père), Paul [Féval (père), Paul]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature Française
Éditeur: Ebooks libres et gratuits
Publié: 2011-01-23T23:00:00+00:00


IV – Souvenirs des trois Philippe

Le petit homme noir avait un binocle à la main, il lorgnait les décorations de la fête en véritable amateur. Il saluait les dames avec beaucoup de politesse, et semblait rire dans sa barbe comme un bossu qu'il était. Il portait un masque de velours noir. A mesure qu'il avançait, nos joueurs le regardaient avec plus d'attention; mais celui qui le regardait le mieux était sans contredit M. de Peyrolles.

– Quelle diable de créature est-ce là ? s'écria enfin Chaverny. Eh mais ! on dirait…

– Eh oui ! fit Navailles.

– Quoi donc ? demanda le gros Oriol, qui était myope.

– L'homme de tantôt, répondit Chaverny.

– L'homme aux dix mille écus !

– L'homme à la niche !

– Ésope II, dit Jonas.

– Pas possible ! fit Oriol; un pareil être dans le cabinet du régent ! Peyrolles pensait : – Qu'a-t-il pu dire à Son Altesse Royale ? Je n'ai jamais eu bonne idée de ce drôle.

Le petit homme noir avançait toujours. Il ne paraissait point faire attention au groupe rassemblé devant l'entrée de la tente indienne. Il lorgnait, il souriait, il saluait.

Impossible de voir un petit homme noir d'humeur meilleure et plus polie.

Déjà il était assez près pour qu'on pût l'entendre grommeler entre ses dents : – Charmant ! charmant ! tout cela est charmant. Il n'y a que Son Altesse Royale pour faire ainsi les choses. Ah ! je suis bien content d'avoir vu tout cela ! bien content ! bien content ! A l'intérieur de la tente des voix s'élevèrent. Une autre compagnie avait pris place autour de la table abandonnée par nos joueurs. Ceux ci étaient presque tous des gens d'âge respectable et haut titrés. L'un d'eux dit : – Ce qui est arrivé, je l'ignore; mais je viens de voir Bonnivet qui faisait doubler les postes par ordre exprès du régent.

– Il y a, reprit un autre, deux compagnies de gardes-françaises dans la Cour-aux-Ris.

– Et le régent n'est pas abordable.

– Machault est aux cent coups.

– M. de Gonzague lui-même n'a pu obtenir un traître mot !

Nos joueurs se prirent à écouter; mais les nouveaux venus baissèrent aussitôt la voix.

– Il va se passer ici quelque chose, dit Chaverny, j'en ai le pressentiment.

– Demandez au sorcier ! fit Nocé en riant.

Le petit homme noir le salua d'un air tout aimable.

– Positivement, dit-il, quelque chose, mais quoi ?

Il essuya son binocle avec soin.

– Positivement, positivement, reprit-il, quelque chose, quelque chose de fort inattendu. Eh, eh, eh ! continua-t-il en donnant à sa voix stridente et grêle un accent tout particulier de mystère; je sors d'un endroit chaud, très chaud, le froid me saisit. Permettez-moi d'entrer là-dedans, messieurs, je vous serai obligé.

Il eut un petit frisson. Nos joueurs s'écartèrent, tous les yeux étaient fixés sur le bossu. Le bossu se glissa sous la tente avec force saluts.

Quand il aperçut le groupe de grands seigneurs assis maintenant autour de la table, il secoua la tête d'un air content et dit : – Oui, oui, il y a quelque chose.



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