Le prince et le pauvre by Twain Mark

Le prince et le pauvre by Twain Mark

Auteur:Twain, Mark [Twain, Mark]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature Américaine, Jeunesse
Éditeur: BEQ
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


XVIII

Les vagabonds

Il faisait à peine jour quand les vagabonds sortirent de la grange et se mirent en marche. Le ciel était couvert. On eût dit qu’il pesait sur les têtes. Le sol visqueux glissait sous les pieds ; l’air froid et pénétrant faisait frissonner. La gaieté de la veille avait disparu. Quelques-uns étaient sombres et silencieux ; d’autres nerveux et irritables. Personne n’avait envie de rire. Tous mouraient de soif.

L’Hérissé avait confié Jack à Hugo. Il avait donné à celui-ci quelques instructions brèves et sèches. Quant à John Canty, il lui avait commandé de se tenir à distance et de ne point s’occuper de l’enfant. Du reste, Hugo avait pour consigne de ne pas rudoyer le pauvre petit.

Cependant le temps devint plus doux, les nuages commencèrent à se dissiper. Dès qu’on cessa de grelotter, le courage se remonta. Petit à petit, les visages rayonnèrent. Bientôt les quolibets allèrent leur train. Malheur aux passants : les insultes et les injures pleuvaient sur eux. La pègre tenait le haut du chemin et n’entendait pas raillerie sur ses droits d’occupant. Elle voulait jouir largement de la vie en plein air. D’ailleurs, on s’empressait de lui faire place ; du plus loin qu’on l’apercevait, on fuyait avec terreur, car on savait d’avance qu’elle ne menaçait point en vain. Aussi les gueux payaient-ils d’insolence, certains de ne point trouver de réplique. Ils arrachaient le linge qui séchait sur les haies, et l’emportaient sous les yeux mêmes des gens épouvantés. Personne ne s’avisait de protester, et l’on se trouvait fort heureux qu’ils n’eussent pas emporté les haies aussi.

Ils arrivèrent ainsi à une petite ferme qu’ils prirent d’assaut et s’y installèrent en maîtres. Le fermier, tremblant de tous ses membres, baissa la tête sous leurs clameurs et leurs menaces. La certitude de l’impunité ne laissa bientôt plus de frein à leur hardiesse. Ils obligèrent le pauvre diable ahuri à mettre à sac son garde-manger pour leur faire un déjeuner de Falstaff. Ils bâfrèrent et goinfrèrent, mangeant des deux mains à la fois. Ils jetaient les os et les trognons à la tête du fermier et de ses fils, applaudissant aux contorsions que faisaient les malheureux pour esquiver un mauvais coup, et s’esclaffant à chaque fois que le projectile avait touché juste. Une des filles de service voulut riposter. Ils s’emparèrent d’elle et lui graissèrent les cheveux de beurre. Quand ils s’en allèrent enfin, ils jurèrent avec force menaces qu’ils reviendraient et brûleraient la ferme et ses gens, si jamais un mot de leur passage en cet endroit arrivait aux oreilles des autorités.

Vers midi, après une longue et rude étape, ils firent halte derrière une haie, à l’entrée d’un grand village. L’Hérissé leur accorda une heure de repos ; aussitôt ils se séparèrent. Afin de donner le change sur la réalité de leurs métiers d’emprunt, ils firent leur entrée dans le village de plusieurs côtés à la fois.

Hugo avait l’œil sur Jack. Pour plus de sûreté, il l’emmena avec lui. Ils errèrent assez longtemps à l’aventure. Hugo était en quête de quelque coup à faire ; mais le temps marchait, et il risquait de revenir bredouille.



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