Les yeux du dragon by Stephen KING (Richard BACHMAN)

Les yeux du dragon by Stephen KING (Richard BACHMAN)

Auteur:Stephen KING (Richard BACHMAN)
La langue: fra
Format: epub


L’œil droit regardait Peter avec une inquiétude indicible.

Beson bredouilla des propos que Peter ne comprit pas. Cela ressemblait à de la bouillie.

- Je ne comprends pas.

- Vous auriez pu me tuer, recommença Beson.

- Je n’ai jamais tué personne. Il viendra peut-être un temps où je serai obligé de le faire, mais j’espère que je n’aurai pas à commencer par un gardien de prison inconscient.

Beson s’assit contre le mur, fixant Peter de son œil ouvert, une expression pensive, un peu absurde et légèrement effrayée sur son visage gonflé par les coups.

Finalement, il réussit à bredouiller une autre phrase. Peter croyait avoir compris, mais il voulait en être absolument certain.

- Vous pouvez répéter, monsieur le geôlier en chef Beson ?

Beson eut l’air surpris. Comme Yosef, il ne s’était jamais

entendu appeler monsieur le geôlier en chef auparavant.

- On peut s’arranger, dit-il.

- C’est parfait.

Beson se releva lentement. Il ne voulait plus avoir affaire à Peter, du moins plus pour aujourd’hui. Il avait d’autres chats à fouetter. Ses subordonnés venaient de le voir se faire battre comme plâtre par un garçon qui n’avait rien mangé depuis une semaine. De le voir, et rien de plus, bande de lâches ! Il avait horriblement mal à la tête, et il lui faudrait sans doute fouetter ces deux imbéciles avant de pouvoir se mettre au lit.

Il s’en allait déjà quand Peter le rappela.

Beson se retourna. Ce simple geste en disait long. Tous deux savaient qui tenait les rênes. Beson s’était fait battre. Si son prisonnier lui disait d’attendre, il attendrait.

- J’ai quelque chose à vous dire, quelque chose qui pourrait nous aider tous les deux.

Beson ne dit mot. Il regardait Peter d’un air méfiant.

- Dites-leur de fermer la lucarne.

Beson fixa Peter un moment, puis se tourna vers les gardes et transmit l’ordre.

Les gardes de rang inférieur, joue contre joue derrière la lucarne, restèrent sans comprendre les bredouillis de Beson, du moins faisant semblant de ne pas les comprendre. Beson passa la langue sur ses dents ensanglantées et fit des efforts visibles pour s’exprimer plus clairement. Cette fois, la lucarne se ferma et fut verrouillée de l’extérieur... mais pas avant que Beson n’eût entendu les rires méprisants de ses sous-fifres. Il soupira d’un air épuisé... oui, il faudrait qu’il leur donne une leçon avant de rentrer chez lui. Heureusement, les lâches apprennent vite. Ce prince, quel qu’il fût, n’était pas un lâche. Il se demandait s’il avait vraiment envie de trouver un arrangement avec Peter.

- Je veux que vous apportiez un billet à Anders Peyna. J’espère que vous viendrez le chercher ce soir.

Beson ne sourcilla pas, mais il essayait de réfléchir profondément. C’était vraiment un tournant extraordinaire. Peyna ! Un billet à Peyna ! Beson avait déjà eu un choc lorsque Peter lui avait rappelé qu’il était le frère du roi, mais ce n’était rien comparé à ça. Peyna, grands dieux !

Plus il y songeait, moins cela lui plaisait.

Le roi Thomas ne se souciait sans doute guère de voir son frère enfermé au sommet de l’Aiguille. Après tout, son aîné avait tué leur père.



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