La Boîte de Schrödinger by Olivier Gechter

La Boîte de Schrödinger by Olivier Gechter

Auteur:Olivier Gechter [Gechter, Olivier]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantastique, Science-Fiction, Humour, Nouvelle(s), Littérature française
ISBN: 9782364751736
Google: 9_A-nQEACAAJ
Éditeur: Walrus
Publié: 2011-10-12T22:00:00+00:00


Les chiens

de Jean-Pierre

— Franchement Jean-Pierre, je savais qu’on n’était jamais déçu de venir déjeuner chez toi, mais là, tu t’es surpassé !

C’était peu dire. J’avais tellement repris de viande que j’avais dû me dégager de la table afin de pouvoir desserrer ma ceinture. Jean-Pierre affichait la mine typique de l’hôte satisfait des compliments de ses invités. Pour se récompenser, il sortit une pipe de sa poche et commença à la bourrer.

— Je n’ai pas beaucoup de mérite, Francis. Je ne t’ai servi que du gibier au vin. Il n’y a rien de plus facile à préparer.

— « Du gibier au vin »… tu es encore en train de tourner autour de pot ! Qu’est-ce que tu m’as fait manger ? On dirait que tu ne veux pas me le dire !

Jean-Pierre tira sur son tabac comme un perdu, laissant ma question suspendue dans le vide. J’allais montrer mon impatience plus vivement quand il reprit enfin la parole.

— Tu viens de manger un animal assez rare que peu de gens ont le privilège de goûter et que je chasse avec assiduité depuis quelques mois.

— Pitié ! Abrège ce suspens !

— D’accord, d’accord. Mais franchement, tu n’es pas drôle, soupira-t-il. Allez, suis-moi. Plutôt que te le dire, je vais te le montrer. Ce sera plus intéressant.

Je m’empressai de le suivre malgré mes ballonnements d’estomac, en me rendant vaguement compte que l’incorrigible Jean Pierre continuait sa petite mise en scène, même lorsqu’il promettait d’aller droit au but.

Sans dire un mot, il me fit traverser sa propriété. Elle n’était pas très grande, mais sa position, à l’orée de la forêt de Rambouillet, lui donnait une valeur non négligeable. À deux pas des premiers arbres, Jean-Pierre avait fait construire un genre de chalet de rondins qu’il appelait son « refuge ».

— C’est ici que je prépare les appeaux, que je dépèce le gibier, que je le mets à faisander et que je range les trophées, m’expliqua-t-il en cherchant ses clés. J’ai aussi construit un chenil derrière. Il faut de la place pour les bêtes.

Il ouvrit la porte et me fit entrer. Le hall était décoré comme un relais de chasse : des trophées ornaient les murs, le sol était couvert de peaux, et partout où le regard pouvait se poser trônaient des photos de Jean-Pierre, un pied triomphal posé sur une proie fraîchement abattue…

On constatait du premier coup d’œil que mon ami négligeait le cerf, le sanglier et le chevreuil depuis pas mal de temps pour se consacrer exclusivement à un gibier autrement plus dangereux, et contre toute attente plus goûteux.

J’approchai lentement d’un des massacres accrochés aux murs. La bête naturalisée regardait à travers moi, ses yeux bleus étonnés à peine troublés par le verre des fines lunettes Cardin qu’elle portait sur le nez. Je me retournai vers Jean-Pierre.

— C’est donc ça ! Tu t’es mis à la chasse au riche !

***

— Vois-tu Francis, me dit-il avait une fierté difficilement dissimulée, chasser le cerf c’est bien joli, mais ça n’arrive pas à être moitié aussi intéressant que la chasse au riche.



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