Juliette, la mode au bout des doigts by Gwenaêle Barussaud-Robert

Juliette, la mode au bout des doigts by Gwenaêle Barussaud-Robert

Auteur:Gwenaêle Barussaud-Robert [Barussaud-Robert, Gwenaêle]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman
ISBN: 9782215130567
Publié: 2015-01-14T23:00:00+00:00


Chapitre 18

Le goût des vieilleries

Les journées des séries de Compiègne obéissaient à un programme strict, établi par Leurs Majestés. Jusqu’à midi, l’empereur travaillait dans son bureau et chacun était libre alors de vaquer à ses affaires, ce qui, pour les femmes, signifiait le plus souvent des séances d’essayage effrénées assorties de bavardages à bâtons rompus sur les dernières rumeurs de la Cour. À midi sonnant, on se réunissait au salon en tenue simple pour le déjeuner, qui durait trois quarts d’heure, l’empereur ayant, comme son oncle Napoléon Ier, horreur des agapes qui s’éternisaient. Ensuite, les hommes se retrouvaient au fumoir, tandis que quelques élues étaient conviées à prendre le thé dans le boudoir de l’impératrice. Puis l’on se changeait pour l’après-midi ; à deux heures les voitures s’avançaient dans la cour et on partait en excursion. C’étaient des promenades dans l’admirable forêt de Compiègne dont on rentrait à l’heure du thé, ou bien des chasses à courre où l’on applaudissait les prouesses de l’empereur, tandis que les femmes suivaient de loin en amazone. Après le dîner, pour lequel on avait revêtu une tenue de gala, les soirées se poursuivaient dans la salle des Cartes où trônait un superbe billard anglais. On jouait de la musique, on causait ; parfois, pour se distraire, on improvisait des saynètes, des charades, des devinettes. Une fois par semaine, une troupe venait de Paris donner dans la salle de spectacle du palais une pièce à la mode. Enfin, le dernier soir, la série s’achevait par un bal qui pour réunir des intimes n’en manquait pas moins d’éclat et de prestige.

Cet emploi du temps laissait à Juliette beaucoup de liberté. Elle occupait ses journées à lire et à dessiner dans le salon de Cordélia tandis que celle-ci, désormais tout à fait conquise par les hôtes de ce séjour impérial, passait le plus clair de son temps dans les appartements des jumeaux Gallifet, ou auprès de leur sœur la charmante et imprévisible Daphné. Après que l’empereur et l’impératrice s’étaient retirés vers dix heures, on prolongeait la soirée dans les appartements privés, sous les toits, entre jeunes gens de bonne compagnie. Loin du protocole imposé par la Cour, loin des vieux barbons et des austères douairières, on se réunissait chez les uns ou chez les autres pour causer et fumer, pour profiter pleinement des plaisirs de la jeunesse, jusque tard après minuit.

Cordélia avait déjà épuisé douze des tenues que lui avait dessinées Juliette. Chaque matin, elle choisissait avec sa styliste les toilettes qu’elle porterait, selon le temps et l’activité prévue. Les séries de Compiègne était en effet un véritable défilé d’élégance, un concours d’allure et de style. Quoique l’impératrice insistât pour que chacun se sente chez soi et que l’on s’habillât avec simplicité, nul ne pouvait freiner l’émulation puissante qui naissait du rassemblement des femmes les plus en vue de l’Empire. Aucune des élégantes réunies à Compiègne n’était prête à abdiquer le plaisir d’attirer un compliment de l’impératrice, ou un regard admiratif de l’empereur. Du reste, l’impératrice Eugénie



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