21 Philippe Ier by Les Rois de France

21 Philippe Ier by Les Rois de France

Auteur:Les Rois de France [France, Les Rois de]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Pygmalion
Publié: 2012-02-16T23:00:00+00:00


Le 18 novembre, comme prévu et annoncé, Urbain II ouvrit le concile de Clermont, entouré de huit cardinaux. Siégeaient treize archevêques et deux cent vingt-cinq évêques, et une multitude innombrable d'abbés et de clercs de moindre importance. De leur côté, les laïcs, connaissant l'objet principal du concile, étaient accourus en foule : trente mille nobles, ambassadeurs, comtes, chevaliers. Quant au peuple, il dépassait cent mille spectateurs, venus malgré le froid, et dormant à la belle étoile roulés dans des couvertures.

Tous, participants et assistants, attendaient avec une vive impatience le point principal de l'ordre des délibérations. On se racontait l'apparition de prodiges atmosphériques, comme chutes d'aérolithes et aurores boréales ; les pèlerins allemands avaient vu à Aix-la-Chapelle, rapportait-on, Charlemagne sortir de son tombeau pour cautionner la guerre sainte. Mais, avant même d'aborder l'affaire entre toutes attendue, une autre intervint : les funérailles de Durand, évêque de Clermont. Il s'était dépensé avec tant d'ardeur à la préparation du concile qu'il y avait laissé sa vie. Cependant, les neuf premières sessions du concile furent consacrées aux affaires disciplinaires, tant celles-ci étaient abondantes. Pour terminer, Urbain, se levant solennellement, renouvela la sentence d'excommunication contre le roi et sa complice.

Enfin, la dixième session s'ouvrit. Tous savaient à quoi elle allait être consacrée, tous étaient accourus pour entendre le discours attendu. On dressa en plein air une large estrade, où s'assit le pape, qui voulut voir Pierre l'Ermite placé à sa droite, et prirent place autour d'eux les cardinaux. Le discours d'Urbain II nous est resté, et l'on ne peut douter qu'il soit authentique, car il a été noté par neuf rédacteurs différents, qui ne s'écartent guère les uns des autres ; parmi eux, des plumes de première importance : Guillaume de Malmesbury, Guibert de Nogent, Robert le Moine, Baudry de Dol. C'est à ce dernier, placé semble-t-il assez près de l'estrade, qu'il faut emprunter les passages les plus significatifs :

« Mes frères très aimés, vous n'avez pu sans éclater en gémissements et en sanglots entendre le récit des désastres de Jérusalem, d'Antioche, et de toutes les autres Eglises d'Orient. Pleurons tous, pleurons encore, nous tous, misérables et infortunés. La cité du Roi, celle qui a transmis à toutes les cités de l'univers les bienfaits de notre foi sainte, est contrainte de subir le culte impie des peuples infidèles. Les lieux saints où s'accomplirent les divins mystères de notre rançon éternelle, qui abritèrent le Sauveur dans sa chair, qui virent ses miracles, furent illustrés par ses bienfaits, sont aujourd'hui profanés, souillés d'immondices, transformés en parcs pour les troupeaux, en étables pour les bêtes de somme. On enlève les jeunes enfants, ces tendres agneaux de la sainte Eglise notre Mère, pour les livrer aux brutales convoitises des gentils ; on les force à renier ce Dieu vivant, à blasphémer son nom adorable. Ceux qui refusent sont égorgés et vont au Ciel prendre place auprès des martyrs.

» Chevaliers chrétiens, ce sont vos frères et les nôtres, des membres du Christ Fils de Dieu et cohéritiers de son royaume, qui subissent cette tyrannie et souffrent ces outrages.



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