08 Charles II by Les Rois de France

Auteur:Les Rois de France [France, Les Rois de]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Pygmalion
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

IV

LA LUTTE CONTRE LES BRETONS

La nation des Bretons d'Armorique avait toujours chéri son indépendance, et rejeté toute soumission au royaume des Francs. Clovis, qui avait conquis les régions de la Gaule occupées par les Romains, les Wisigoths et les Alamans, n'avait pas tenté d'annexer la presqu'île. Son fils Childebert avait entretenu avec le comte de Léon des relations cordiales qu'il considérait, avec fierté, comme celles d'un suzerain avec son vassal. Les évêchés de Rennes, de Nantes et de Vannes, les plus proches du royaume franc, restèrent, pour des raisons religieuses, dans des rapports sinon de sujétion, du moins de révérence.

Pépin le Bref fut le premier souverain franc à mettre la main sur une partie de la Bretagne ; il occupa militairement les comtés de Rennes, de Nantes et de Vannes, et comme il n'était sûr ni de la soumission de la population, ni de la tranquillité des voisins de l'Ouest, il créa une Marche de Bretagne, avec un marquis ou préfet, fonction remplie notamment par le légendaire Roland. Son successeur Wido entreprit en 799 une campagne militaire féroce qui força tous les chefs de clans à déposer les armes aux pieds du représentant du roi des Francs.

En 818, les chefs bretons, considérant que l'unité des clans sous une même autorité était le premier gage d'unité et d'indépendance, élurent un roi du nom de Morvan. Louis le Pieux, qui constatait que dans toute l'Europe, entre l'Elbe, l'Adriatique et l'Océan, l'Armorique était la seule province qui ne fût pas soumise à son autorité, décida de faire reconnaître celle-ci par le roi Morvan. Préférant l'action diplomatique à l'expédition militaire, il envoya à Morvan un moine en rapports habituels avec les Bretons, l'abbé Witchar ; le roi répondit par une provocation : si l'empereur voulait sa soumission, qu'il vînt donc la réclamer avec son armée : il serait vaincu et humilié. Louis prit le provocateur au mot ; il passa en Armorique avec une armée germanique, et écrasa les troupes de Morvan, qui fut lui-même décapité par un ennemi.

En 822-823, un nouveau nationaliste breton, Gwiomarc'h (Guiomar), leva l'étendard de la révolte. Ce ne fut pas une insurrection nationale, simplement quelques coups de main. Louis le Pieux envahit l'Armorique à la tête d'une armée, avec ses fils Pépin et Louis, et la désola. Gwiomarc'h dut aller s'agenouiller à Aix-la-Chapelle devant le Débonnaire, qui se contenta de ce geste. Mais le comte Lambert, nouveau marquis de Bretagne, envoya une nuit une petite troupe qui s'introduisit dans son manoir et le trucida.

Louis le Pieux estima que le moyen le plus efficace de soumettre l'Armorique, c'était, au lieu de la laisser s'unifier sous un chef élu par les plus turbulents, de lui donner lui-même un chef choisi pour sa double qualité d'autorité personnelle sur le peuple et de soumission à la monarchie franque. C'était difficile. Sur le rapport que lui fit le comte Lambert, l'empereur désigna le comte de Vannes, Nominoé, auquel il décerna le titre de « duc de toute la Bretagne ». Le nouveau dignitaire prêta

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