18 Hugues Capet by Les Rois de France

18 Hugues Capet by Les Rois de France

Auteur:Les Rois de France [France, Les Rois de]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Pygmalion
Publié: 2014-01-27T23:00:00+00:00


VIII

L'acquittement d'Adalbéron

Louis V ne laissait pas d'enfant. Il avait été marié à la comtesse de Gévaudan, laquelle avait été solennellement reconnue pour reine, ce qui ne l'avait pas empêchée de fuir le domicile conjugal et de se remarier avec Guillaume d'Arles, sans que son mariage avec Louis eût été dissous ou annulé. Il se trouva pourtant de bonnes langues pour l'accuser d'avoir fait empoisonner son premier époux. Cette accusation, peut-être proférée par les médecins pour masquer leur ignorance, ne fut pas retenue. La pseudo-reine ne fut pas inquiétée.

Le synode de Senlis ne pouvait se séparer sans avoir rien fait. L'archevêque Adalbéron ne courait plus de risques. Il tenait néanmoins à ce que son « innocence » fût reconnue et proclamée. Divers évêques et de nombreux grands – non tous ! – avaient été convoqués par le feu roi, qui devait présider l'assemblée, tout en portant l'accusation contre Adalbéron. Ni pour l'archevêque, ni pour Hugues Capet, il n'était question de renvoyer les assistants dans leurs châteaux ou dans leurs évêchés. Il leur fallait au contraire profiter de la circonstance. Ils se mirent d'accord pour arrêter un plan d'action dont il faut dire qu'il était admirablement conçu, et dans ses plus infimes détails ! Il s'agissait d'un véritable marché. Adalbéron estimait dommageable pour lui de rester sous le coup d'une inculpation, quand bien même on renonçait à le poursuivre. Hugues Capet tenait enfin cette couronne si longtemps et passionnément convoitée par les Robertiens ! Adalbéron était tout disposé à présenter sa candidature, mais à condition qu'il prît des engagements formels au sujet de l'empire et de la ville de Verdun. Bien que Louis V n'eût pas de fils, il avait un oncle, Charles de Lorraine, en droit de prétendre à la succession. Mais pour des raisons évidentes, Adalbéron préférait la solution robertienne. Toutefois, il n'entrait nullement dans ses intentions d'établir une dynastie nouvelle. Hugues Capet ne pouvait être à ses yeux qu'un roi temporaire. Son élection n'engageait donc pas l'avenir ; elle permettait simplement de sortir de l'impasse et ménageait les intérêts impériaux. Par la suite, Otton III aviserait, quand il serait en âge de gouverner, selon le comportement qu'adopterait le Robertien. Au contraire, Hugues Capet n'entendait point assurer un intérim à la façon d'Eudes et de Robert ; ce qu'il voulait, c'était que cette couronne si chèrement payée demeurât dans sa famille ; il se promettait de manœuvrer en conséquence. Supérieurement habile, il sut moduler ses exigences et taire ses projets d'avenir, car il n'ignorait rien des rêveries d'empire universel d'Adalbéron et de ses semblables. Cette analyse n'est point une invention de ma part. Elle résulte, point par point, des faits qui suivront. La fausse modestie d'Hugues Capet fut un leurre auquel se laissèrent prendre les grands et… nombre d'historiens parmi les plus estimables. Tout montre au contraire la subtilité du futur roi de France.

Ce fut une mise en scène supérieurement agencée, sans effet de surprise peut-être, mais de nature à ménager les susceptibilités, je veux dire à laisser aux grands l'illusion de choisir, d'être maîtres de la situation.



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