14 Raoul by Les Rois de France

Auteur:Les Rois de France [France, Les Rois de]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Pygmalion
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

1. Robert Ier et Raoul de Bourgogne, Slatkine, 1976, p. 23.

2. Selon Flodoard. Richer dit neuf cent soixante.

III

La montée d’Herbert de Vermandois

926-928

Le sort de Charles le Simple n’était pas tranché. Qui s’en préoccupait d’ailleurs ? Une fois pour toutes, le roi Raoul et les grands vassaux avaient toléré ce crime de lèse-majesté. Depuis lors, il était séquestré et étroitement gardé dans la forteresse de Château-Thierry. En 926, celle-ci fut détruite par un incendie. Le captif fut transporté dans le château de Péronne.

Charles tentait-il de sortir de cette situation ? Essayait-il de gagner la liberté par un contrat avec Herbert ? Mais qu’avait-il à proposer contre sa libération ? Il avait perdu tous ses biens, et son geôlier était un homme exigeant. Il ne pouvait que gémir sur son sort. Richer nous apporte ce témoignage :

« Charles, se voyant trahi par tous les Français, ne cessait de se lamenter sur son infortune avec les Grands qui ne l’avaient pas abandonné. Il était plus malheureux, disait-il, que si la mort lui avait fermé les yeux, car le malheur qui le menaçait allait aviver sa douleur que la mort aurait supprimée. Il aurait préféré périr par le fer (disait-il) qu’être dépossédé de son royaume par un usurpateur. Après la perte de son royaume, seul lui restait l’exil. Dans sa situation, ajoutait-il, il se voyait obligé de recueillir les avis de ceux qu’il avait toujours vraiment aimés, qui avaient été depuis longtemps ses familiers, et auxquels il n’avait jamais fait de mal. »

Ce texte nous fournit quelques détails sur la captivité de Charles. Il n’est pas détenu au fond d’un cachot ; il vit au milieu de vassaux qui ne l’ont pas abandonné et de conseillers dont il écoute les avis. Il jouit donc d’une cour en réduction. On ne parle plus d’Haganon. On peut supposer qu’Herbert, plein de mépris et de légitime indignation contre ce pitre, l’ait rejeté dans sa condition première. Et c’est pourquoi le roi se dit abandonné de tous. « Un seul être me manque et tout est dépeuplé. »

Dans la bouche des vassaux présents, Richer place cette explication de leur fidélité :

« Il est indigne d’abandonner son seigneur quand on lui a juré fidélité. Il est criminel de se dresser contre lui. S’agissant d’un traître et de transfuges, il est certain que toutes leurs entreprises sont contraires au droit et à la justice. Ainsi, il est indiscutable que, si on les met dans la nécessité de combattre, ils n’échappent pas à la vengeance divine. »

Le traître désigné ici est évidemment Raoul. Il ne détient, certes, aucune responsabilité dans la capture et la captivité de Charles. Mais il lui a pris son trône. D’ailleurs, on peut supposer que le fourbe Herbert se présente comme un instrument de la justice du nouveau roi. On peut pourtant se demander si Charles et Herbert ont des entretiens. Quant à cette éventualité d’un combat qui opposerait les compétiteurs, elle laisse songeur. Charles espère-t-il une libération qui lui permettrait de reprendre les armes ?

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