Une nouvelle de l'Agent Zéro by Mars Jack

Auteur:Mars Jack [Mars Jack]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Auto édition
Publié: 2020-04-14T22:00:00+00:00

COLOGNE, ALLEMAGNE

La brise sur le Rhin apportait un air frais qui faisait que son souffle s’échappait en petits nuages de fumée. C’était paisible ici, au beau milieu de la nuit, avec les lumières de la ville scintillant sur les berges de la rivière. Il était assez tard pour que très peu de voitures passent derrière lui.

Il se tenait debout sur le trottoir du pont Hohenzollern, penché au-dessus de la rambarde, regardant les flots du fleuve sombre en dessous. Le commun des mortels serait certainement blessé, ou même tué, par la chute de vingt-cinq mètres entre lui et le Rhin.

Mais pas toi.

Il était tombé de bien plus haut, et avait survécu.

En même temps, il n’avait pas l’impression qu’il ait besoin de tomber de beaucoup plus haut pour atteindre le fond.

Des bruits de pas se rapprochèrent. Quelqu’un s’avançait prudemment, avec appréhension. Il leva lentement les yeux, pas surpris le moins du monde de voir Alan Reidigger. Il était corpulent, avec un visage rond et un air constamment amical. L’ami et ancien coéquipier de Zéro n’avait jamais vraiment ressemblé à un agent de la CIA, mais cette apparence était justement, pour partie, ce qui faisait de lui un si bon agent.

« Salut, Zéro. » Alan essayait de paraître joyeux, mais il y avait quelque chose de tendu dans sa voix. « Tu as été très occupé ces derniers temps. »

Il n’était pas venu seul. Par-dessus son épaule, à cinquante mètres en-dessous du trottoir, se trouvait Morris. L’Agent Clint Morris était la plus jeune personne jamais admise dans le Groupe des Opérations Spéciales. Il avait été assigné dans l’équipe de Zéro à l’âge de vingt-neuf ans. Il avait des cheveux bruns, un sourire arrogant et un regard de tueur. Pourtant, il gardait ses distances.

Pour l’instant.

« Tu es venu pour me tuer, Alan ? »

Reidigger appuya ses avant-bras contre la rambarde, presque au coude à coude, regardant la rivière avec Zéro.

« Oui, » dit-il.

Ils restèrent tous les deux plantés là, en silence, pendant ce qui sembla durer un long moment.

« Je l’ai trouvé, » finit par dire Zéro. « L’assassin de la Fraternité que je cherchais. Il s’appelle Rais. Je l’ai ouvert en deux et je l’ai laissé mourir. » Il regarda vers le ciel. « Tu sais ce qui s’est passé ensuite ? »

Reidigger le savait. « Rien, » dit-il tranquillement.

« Exactement. Rien du tout. Je n’ai rien ressenti. Je n’en ai rien retiré. Aucune satisfaction. Aucune justification. Aucune nouvelle piste. Aucune direction. » Zéro s’arrêta de parler un long moment. « Alan, je suis allé trop loin. Je pense qu’il n’y a pas de retour possible. » Il regarda son ami dans les yeux et ajouta, « Je me doutais bien que l’agence enverrait quelqu’un. Mais je n’aurais jamais pensé que ce serait toi. »

« Je me suis porté volontaire, » lui avoua Alan. « Si quelqu’un devait le faire, c’était bien moi. »

« Et Morris ? »

« Il va garder ses distances. Il assure ma couverture, en cas de besoin. »

« Ce ne sera pas le cas, » lui assura Zéro.

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