à la conquête du royaume by Smith Wilbur

à la conquête du royaume by Smith Wilbur

Auteur:Smith, Wilbur [Smith, Wilbur]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman
Publié: 2012-05-22T20:28:02+00:00


Les éléments féminins de la famille Codrington occupaient tout le banc de devant. Clinton Codrington leur faisait face depuis la chaire. Ralph était assis entre les jumelles ; il y avait eu une compétition brève mais acharnée entre Victoria et Elizabeth pour décider laquelle des deux s’assiérait le plus près de lui.

En dehors de la famille, il n’y avait personne dans l’église. Victoria surprit le regard de Ralph et lui murmura d’un ton pénétré :

— Le roi Ben ne laisse aucun de ses sujets venir à l’église.

— Le roi Lobengula, pas Ben, corrigea Salina à voix douce.

Bien que tout le monde fût là, Clinton commença en retard le service du soir, trouvant et perdant une demi-douzaine de fois sa page dans le missel, et jetant à plusieurs reprises des regards vers l’arrière de la petite église.

Il y eut là une agitation soudaine. Un petit cortège de femmes matabélées venait d’arriver sur le parvis de l’église. C’étaient manifestement des servantes, des esclaves et des dames d’honneur de l’imposant personnage féminin qui se trouvait au milieu. Elle les congédia d’un geste régalien et franchit les portes de l’église. Toutes les Codrington tournèrent la tête et leurs visages s’illuminèrent de plaisir.

La démarche empreinte de majesté avec laquelle cette matrone traversait la nef ne laissait aucun doute quant à sa haute naissance et sa position dans l’aristocratie du Matabeleland. Elle portait des bracelets de cuivre martelé, des colliers de perles sam-sam hautement prisées que seul un chef pouvait s’offrir. Sa cape était en magnifique cuir tanné, ornée de plumes de geai bleu et de motifs en coquille d’œuf d’autruche.

— Je te vois, Nomousa, déclara-t-elle.

Ses énormes seins nus étaient oints de graisse et d’argile rouge ; ils dépassaient de sous sa cape et pendaient lourdement jusqu’à son nombril.

Ses bras étaient épais comme une cuisse d’homme, ses cuisses aussi grosses que sa taille. Des bourrelets de chair ceinturaient son ventre, et son visage était rond comme une lune noire, sa peau luisante bien tendue sur sa chair généreuse. Ses yeux joyeux pétillaient entre des plis de graisse, et quand elle souriait ses dents étincelaient comme un lac au soleil. Toute cette abondance témoignait aux yeux du monde de sa position, de sa beauté stupéfiante, de sa fécondité. Elle prouvait également sans conteste la haute estime dans laquelle était tenu son époux, sa prospérité et sa position importante dans les conseils du Matabeleland.

— Je te vois, Fille de Miséricorde, dit-elle en souriant à Robyn.

— Je te vois, Jouba, la Petite Colombe, répondit celle-ci.

— Je ne suis pas chrétienne, commença Jouba. Qu’aucun méchant n’apporte de fausses nouvelles à Lobengula, le Puissant Éléphant Noir.

— Puisque tu le dis, Jouba…, répondit Robyn.

Jouba la serra dans une vaste étreinte tout en lançant à Clinton toujours en chaire :

— Je te vois aussi, Hlopi. Je te vois, Tête Blanche ! Mais ne te laisse pas abuser par ma présence en ce lieu, je ne suis pas chrétienne. (Elle prit une gigantesque inspiration avant de poursuivre :) Je suis venue seulement saluer de vieux amis, et non chanter des hymnes ou adorer votre Dieu.



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