Nos coeurs maudits by Melissa Albert

Nos coeurs maudits by Melissa Albert

Auteur:Melissa Albert [Albert, Melissa]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Jeunesse, Roman fantastique, Littérature américaine
Éditeur: Pocket Jeunesse
Publié: 2023-04-07T07:20:40+00:00


Chapitre vingt-deux

Woodbine

Aujourd’hui

J’ai suivi les recommandations de Sharon et vérifié plusieurs fois que la porte de ma chambre était fermée à double tour. La fille qui tourmentait ma mère en semant des cadavres de lapin dans son sillage avait à deux reprises trouvé le chemin de la maison. Mieux valait redoubler de prudence.

À bout de forces, je me suis mise au lit et tournée vers la fenêtre pour regarder le jour se lever. Des nuages noirs glissaient dans le ciel mauve. L’air était épais, lourd d’une averse trop longtemps contenue. Soudain, un éclair a illuminé la chambre, et la température a brutalement chuté de plusieurs degrés. Alors, j’ai enfin pu fermer les yeux.

Pendant que je dormais, une pluie torrentielle a inondé les champs, ployé les branches d’arbre et fait sortir les rivières de leur lit. Elle s’est insinuée par les joints de la fenêtre puis s’est changée en rosée pour former des boucles dans mes cheveux.

À mon réveil, mon esprit était merveilleusement vide. Hélas, en quelques secondes, tout ce que j’avais voulu oublier en m’abandonnant au sommeil y a repris sa place.

Vaguement nauséeuse, j’ai attrapé mon téléphone et constaté que je n’avais reçu aucune notification. J’ai traversé le couloir, couru jusqu’à la chambre de mes parents et en ai ouvert la porte à la volée. J’aurais tellement voulu trouver ma mère indemne, dans son lit, que j’ai cru voir sous les draps la forme de son corps et de sa tête enfouie dans l’oreiller. Puis l’illusion s’est évanouie. Personne.

Il était trois heures et demie de l’après-midi, et c’était comme si la fin du monde avait commencé. Le déluge avait cédé la place à une bruine pénétrante, mais la maison était à présent plongée dans une pénombre verdâtre digne d’une fosse sous-marine. Je suis descendue à la cuisine et j’ai dévoré des céréales à même la boîte. Par la fenêtre, j’ai aperçu Billy. Il effectuait des allers-retours entre sa voiture et son garage, les bras chargés de sacs de courses en papier kraft qui se décomposaient à une vitesse alarmante. Son T-shirt était plaqué contre sa peau. Ses cheveux dégoulinants d’eau de pluie avaient viré au brun.

Je suis sortie le rejoindre. À mi-chemin, je me suis retrouvée trempée jusqu’aux os. Lorsque Billy m’a vue, il a marqué un temps d’arrêt. Au lieu de tourner les talons, il a claqué la portière de la voiture et m’a attendue de pied ferme. Je n’étais qu’à quelques pas de lui, et je n’avais pas la moindre idée de ce que j’allais bien pouvoir lui dire.

Je me suis plantée si près de lui que j’ai dû basculer la tête en arrière pour le regarder dans les yeux. J’ai pris une profonde inspiration, comme une nageuse s’apprêtant à traverser la Manche, puis je me suis jetée à l’eau.

— De toute ma vie, on ne s’est parlé qu’une fois, et c’était hier soir. Bien sûr, je t’ai aperçu de temps en temps dans le coin, vu qu’on est voisins, et je me souviens de ce qui s’est passé au collège.



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