Tout seul by Domenech Raymond

Tout seul by Domenech Raymond

Auteur:Domenech, Raymond [Domenech, Raymond]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Essai, Témoignage, Sport, France
Éditeur: Ladislife - TAZ
Publié: 2012-11-30T23:00:00+00:00


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Petite visite d'une grande planète : le football d'aujourd'hui

(Et celui d'avant, le mien)

Au cœur des années 2000, le football français a plus changé qu'en plusieurs décennies. Jusqu'à la fin du siècle dernier, il existait un système pyramidal des salaires et de la reconnaissance : les jeunes joueurs devaient attendre leur deuxième contrat professionnel pour gagner de l'argent. Mais l'arrêt Bosman, qui a provoqué la libre circulation des travailleurs européens, à partir de 1996, a contraint les clubs à sécuriser les contrats des jeunes footballeurs pour ne pas les voir partir. Ceux-ci ont donc commencé à gagner beaucoup d'argent à un âge où l'on peut perdre pied. Et aujourd'hui, nous nous retrouvons face aux enfants de la génération Bosman.

Je ne veux pas prétendre que c'était mieux avant, cela ne m'intéresse pas ; simplement émettre l'idée que cette tendance moderne fragilise la construction d'une carrière et d'un caractère. J'ai débuté avec les professionnels à dix-huit ans, à l'Olympique Lyonnais, et cela s'est fait de la façon la plus naturelle du monde. À la fin de l'année scolaire, l'entraîneur du club, Aimé Mignot, m'avait seulement lancé : « Ça te dirait de t'entraîner avec les pros au mois d'août ? » Il ne s'agissait pas vraiment d'une question, et elle ne méritait pas réellement une réponse : c'était une invitation à jouer avec les professionnels ; en d'autres termes, la possibilité de réaliser mon rêve. Je ne pensais pas à une future carrière, encore moins à un hypothétique contrat.

Encore une fois, je ne cherche pas à opposer mes intentions pures de l'époque, mon simple amour du foot, à ce que vivent les jeunes joueurs aujourd'hui. Je n'ai pas choisi la manière d'entrer dans la carrière, et eux non plus. Mais quand j'ai rejoint les professionnels, mon contrat de stagiaire m'offrait 900 francs par mois, à peu près ce que gagnait mon père à l'usine. J'avais l'impression de vivre un rêve. J'étais le roi du monde parce que tout en poursuivant mes études au lycée je jouais au foot, avec en prime la possibilité d'inviter mes copains au restaurant et d'offrir des fleurs aux filles.

Je suis passé professionnel un an plus tard, en 1971. Et mon salaire a été multiplié par dix, une somme que mon père mettait une année à gagner grâce à son travail. Il aurait fallu être inconscient pour ne pas sentir le décalage.

*

Je suis né et j'ai grandi à Lyon, dans le 8e arrondissement qui est toujours le plus vertical de la ville. Ma famille avait quitté le quartier de la Croix-Luizet, à Villeurbanne, et notre logement avec un poêle au milieu de la pièce, pour un bel HLM qui me semblait un paradis, dans le quartier des États-Unis. L'appartement comportait le chauffage central, une salle de bains, plusieurs chambres, avec en prime une pelouse qu'on voyait de nos fenêtres. Je me souviens de nos matches en bas de l'immeuble avec Albert, mon frère, qui a un an de moins que moi et a évolué chez les professionnels à Lyon et Martigues.



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