du Diable by Dictionnaire

du Diable by Dictionnaire

Auteur:Dictionnaire [Dictionnaire]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782259222624
Éditeur: Plon
Publié: 2012-12-31T23:00:00+00:00


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On trouvera sous les entrées Sorcellerie, sorciers et sorcières, et Répression, ce qui concerne, du XIVe au XVIIe siècle, la lutte de l’Église romaine et de l’Inquisition contre les instruments du diable. Lutte impitoyable qui donna à l’institution inquisitoriale une image affreuse, qu’atténue une constatation historique. Les procédures pénales « ordinaires », tant civiles que religieuses (les diocèses, les officialités), étaient au moins aussi inhumaines que celles de l’Inquisition. La torture était généralisée ; l’arbitraire total. Au moins sur le papier, l’organisation mise en place à partir d’Innocent III supposait, après une enquête de région, un délai de grâce de quinze à trente jours, où des aveux et une repentance, avec quelques délations, ne correspondaient pour les suspects qu’à des peines religieuses, comme un pèlerinage obligé. Les réticents étaient alors cités individuellement, en général par les curés, et, pour peu que les accusés avouent et se repentent, les peines appliquées n’étaient pas extrêmes. Le serment requis, cependant, ne pouvait être refusé. Les témoignages accusateurs, s’ils étaient prouvés faux, entraînaient la prison à vie pour leurs auteurs, ce qui a limité l’étendue des délations. La quaestio (torture), employée si nécessaire pour obtenir des aveux, ainsi que des pressions psychologiques étaient pratiquées, faisant partie, avec une réclusion sévère et la mise au secret, des manuels d’inquisiteurs (tels Bernard Gui à Toulouse, Eymerich en Aragon ou le célèbre Torquemada). Les tortures, cependant, étaient en principe codifiées et n’étaient appliquées qu’exceptionnellement (environ 10 % des procès en Espagne, selon l’historien B. Bennassar). Une autre pratique valant à l’Inquisition son infâme réputation était la condamnation au bûcher*. Toujours en Espagne, l’un des grands historiens de l’Inquisition, Antonio Llorente, estime à environ 30 000 les bûchers en trois siècles (1481-1781). Michelet pensait que 400 000 victimes était un chiffre global vraisemblable (on l’a révisé à la baisse).

Le jugement proprement dit était ritualisé en temps qu’« acte de foi » (l’expression auto da fé, « acte de foi » en portugais, a dérivé vers « peine du feu »). Après un sermon de l’inquisiteur, les verdicts étaient prononcés. Seules, en cas de condamnation – il y eut beaucoup d’acquittements –, les peines mesurées étaient appliquées par l’Église. La peine spirituelle la plus grave était l’excommunication. Quant aux peines de prison à vie et de mort, elles nécessitaient la remise à la justice civile. Une procédure d’appel (au pape) était prévue.

Cependant, l’horreur de la torture et celle du bûcher, le côté inique de certaines condamnations, d’innombrables excès et violences sadiques, jointes à l’excitation horrifiée créée par l’examen de très nombreux cas individuels scandaleux, ont donné de l’Inquisition, à partir de la Réforme, puis de l’humanisme de l’époque des Lumières, une image terrifiante. Cette « légende noire » culmine au XIXe siècle et, avec des rectificatifs, aboutit à la repentance officielle de l’Église catholique romaine (en 2000).



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