Histoire du football by Paul Dietschy

Histoire du football by Paul Dietschy

Auteur:Paul Dietschy [Dietschy, Paul]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Sport, Histoire
ISBN: 9782262047122
Amazon: B00KGU5O4Q
Éditeur: Tempus Perrin
Publié: 2014-05-27T22:00:00+00:00


L’Afrique du football est-elle mal partie ?

En Afrique, le football devint autant un élément d’unité qu’un facteur de conflit entre les États et les peuples. Dès les débuts du football international indépendant, le chauvinisme et la violence marquèrent les rencontres. Un premier heurt opposa le Gabon au Congo-Brazzaville sept ans avant la « guerre des Cent Heures ». Les équipes nationales des deux voisins se rencontrèrent dans les matchs de qualification de la Coupe des Tropiques en 1962. Au match aller le 13 juillet 1962, le Gabon l’avait emporté 3 buts à 2 ; le 16 septembre suivant, le Congo-Brazzaville prit sa revanche sur le même score. De violentes émeutes éclatèrent alors à Libreville. Des Gabonais fomentèrent des pogroms contre les Congolais, « molestés et même tués. La plupart d’entre eux port [aient] autour du cou une sorte de collier sur lequel [était] incrusté un numéro de matricule. Ils [furent] expulsés manu militari par bateau jusqu’à Pointe-Noire [66] ». Le bilan officiel recensa 9 morts et plus de 3 000 expulsés. En retour, Gabonais, mais aussi Dahoméens et Togolais étaient pourchassés à Brazzaville et Pointe-Noire. Les deux pays rompirent leurs relations diplomatiques et il fallut l’intervention de la France et de l’Union africaine et malgache (UAM) pour que les deux pays dirigés par Léon Mba (Gabon) et Fulbert Youlou (Congo) se réconcilient à la conférence de Douala, au début du mois de novembre 1962.

Le football avait une nouvelle fois servi de vecteur aux formes les plus agressives du nationalisme ; il avait favorisé « l’imprégnation des consciences, aussi bien que de l’espace [67] » par le sentiment national. Cependant, l’exaltation des esprits sportifs ne fut pas l’apanage de l’Afrique centrale. Sans doute pour prévenir de tels événements, Djibrilla Hima, le secrétaire général de la fédération nigérienne, expliquait à son homologue voltaïque en novembre 1969 les raisons qui avaient poussé son organisme à refuser de disputer une rencontre à Ouagadougou : « Si nous n’avons pas répondu à votre invitation c’est qu’il y a une raison qui consiste à ne pas compromettre les bonnes relations de fraternité et d’amitié entre nos deux peuples et à les sauvegarder à tout prix. En effet, nous avions constaté qu’à chaque rencontre avec votre équipe de foot, l’atmosphère devient explosive en raison de la conduite antisportive tant sur le terrain que dans les tribunes de votre délégation aux rencontres à Niamey. À nos rencontres à Ouaga, en plus de l’atmosphère créée par le public que nous comprenons parfaitement, nos athlètes se sentent un peu séquestrés dans leur repos, dans leur alimentation, dans leur liberté de mouvement […]. Les dirigeants eux-mêmes ne sont pas soustraits à la règle [68]. »

Hima résumait bien les risques auxquels s’exposait toute équipe visiteuse dans l’Afrique des indépendances. Surtout, ces incompréhensions et ces tensions rappelaient que le sport aidait à créer les identités nationales en les opposant, en construisant un puzzle de différences (religieuse, territoriale, linguistique, économique) dont les morceaux s’ajustaient de façon singulière selon les adversaires. Elles montraient aussi une



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