Total khéops by Jean-Claude Izzo

Total khéops by Jean-Claude Izzo

Auteur:Jean-Claude Izzo [Izzo, Jean-Claude]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman policier
Éditeur: Gallimard-Série noire
Publié: 1995-01-02T23:00:00+00:00


Sanchez m’attendait déjà. Je fus surpris. Je m’étais imaginé une espèce de mia, fort en gueule. Il était petit, rondouillard. À sa manière de me saluer, je compris qu’il n’était pas du genre courageux. Main molle, yeux baissés. Le type qui dira toujours oui, même s’il pense non.

Il avait peur.

— Savez, j’suis père de famille, dit-il en me suivant dans le bureau.

— Asseyez-vous.

— Et j’ai trois enfants. Les feux rouges, les limitations de vitesse, té, pensez si j’y fais gaffe. Mon taxi, c’est le gagne-pain, alors…

Il me tendit une feuille. Des noms, des adresses, des téléphones. Quatre. Je le regardai.

— Ils pourront vous confirmer. À l’heure qu’vous dites, j’étais avec eux. Jusqu’à onze heures trente. Après je me suis remis au taxi.

Je posai la feuille devant moi, allumai une cigarette et plantai mes yeux dans les siens. Des yeux porcins, injectés de sang. Il les baissa très vite. Il se tenait les mains, n’arrêtait pas de les serrer l’une contre l’autre. Sur son front, la sueur perlait.

— Dommage, monsieur Sanchez. Il releva la tête. Vos amis, si je les convoque, ils seront obligés de faire un faux témoignage. Vous allez leur créer des ennuis.

Il me regarda de ses yeux rouges. J’ouvris un tiroir, attrapai un dossier au hasard, bien épais, le posai devant moi et me mis à le feuilleter.

— Vous vous imaginez bien que pour un banal feu rouge, on aurait pas pris la peine de vous convoquer, et tout ça. Ses yeux s’agrandirent. Maintenant, il transpirait méchamment. C’est plus grave. Bien plus grave, monsieur Sanchez. Vos amis regretteront de vous avoir fait confiance. Et vous…

— J’y étais. De 9 heures à 11 heures.

Il avait crié. La peur. Mais il me paraissait sincère. Cela m’étonnait. Je décidai de ne plus finasser.

— Non, monsieur, lui répondis-je fermement. J’ai huit témoins. Ils valent tous les vôtres. Huit policiers en service. Sa bouche s’ouvrit, mais il n’en sortit aucun son. Dans ses yeux, je voyais défiler toutes les catastrophes du monde. À 22 heures 15, votre taxi était rue Corneille, devant La Commanderie. Je peux vous accuser de complicité de meurtre.

— C’est pas moi, dit-il d’une voix faible. C’est pas moi. Je vais vous expliquer.



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