Tome zéro by Girard-Audet Catherine

Auteur:Girard-Audet, Catherine [Girard-Audet, Catherine]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Jeunesse
Éditeur: Les Malins
Publié: 2020-02-17T14:42:55+00:00

Chapitre 6 :

Katherine

Maude (en m’interpellant des escaliers roulants) : Kath, grouille tes fesses ! On doit rejoindre les gars dans deux minutes !

J’ai secoué la tête pour reprendre mes esprits et j’ai suivi mes amies en direction des tourniquets.

Jeanne (en me regardant d’un drôle d’air) : Qu’est-ce que tu faisais plantée dans la rue ?

Moi (en jouant avec mes tresses et en esquissant un sourire) : Je pensais avoir vu un gars cute qui me souriait.

Jeanne (en me taquinant) : J’aurais dû deviner que c’était lié à un membre de la gent masculine. Après tout, ce sont eux qui sont responsables de tous nos malheurs de la soirée.

Elle a dit ça en désignant Maude du menton. Quand cette dernière avait proposé à Jeanne et moi de faire une sortie au Festival de jazz et de terminer la soirée en dormant chez elle, nous n’avions pas prévu passer des heures à pourchasser José dans les rues de la ville. Le plan de départ était pourtant simple : nous devions rejoindre Alex et lui au centre-ville pour assister à un grand concert. Mais les choses ont tourné au vinaigre quand José et Maude se sont disputés au téléphone avant le rendez-vous et que cette dernière a décidé de les laisser en plan. Son chum a évidemment réagi par une armée de textos acerbes que Maude a d’abord pris soin d’ignorer, mais son orgueil a flanché quand il lui a proposé de le rejoindre pour en discuter calmement. Ça, c’était sans tenir compte du fait que la place des Festivals était pleine à craquer et qu’il serait pratiquement impossible de le retracer.

Jeanne (en regardant autour d’elle, légèrement exaspérée) : Es-tu certaine qu’ils sont ici ?

Maude : Si ce n’est pas le cas, je les étripe ! Ils m’ont fait perdre assez de temps comme ça.

Jeanne (entre ses dents) : Ils ne sont pas les seuls responsables…

Jeanne m’a alors envoyé un petit regard de travers. Je savais que ce qui l’énervait, au-delà de cette soirée, c’était le fait que nous devions trop souvent assumer les conséquences des mélodrames sentimentaux de Maude et de José, leurs innombrables affrontements nous transformant ainsi en victimes collatérales. Je suis d’ailleurs bien placée pour le savoir puisqu’au printemps, José m’a choisie comme proie pour rendre sa blonde jalouse. Sur le coup, j’ai été trop naïve et aveuglée pour m’en rendre compte. J’ai vraiment honte de l’admettre, mais c’est comme si une partie de moi s’était tellement sentie flattée par ses compliments et ses beaux discours que j’en avais perdu mon jugement, au point de l’embrasser dans un party. Pas besoin de mentionner que cet incident a créé un véritable raz-de-marée au sein de notre gang, et que même si Maude et moi avons fini par enterrer la hache de guerre, notre amitié n’est plus la même depuis1.

Moi (en grimaçant) : J’ai l’impression qu’on s’est encore trompées de bouche de métro.

Alex (en surgissant à côté de moi avec un sourire aux lèvres) : Est-ce que je rêve ?

Il a ensuite posé ses mains sur le visage de Jeanne et s’est mis à tâter ses joues.

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