Robinson des mers du sud by Tom Neale

Robinson des mers du sud by Tom Neale

Auteur:Tom Neale [Neale, Tom]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 1966-01-02T00:00:00+00:00


Chapitre 9

La fièvre

Après le départ de mes visiteurs, ma vie reprit sa routine habituelle et je m’attaquai à une nouvelle tâche qui devait avoir par la suite de sérieuses répercussions sur ma santé. Bien sûr, je ne pouvais pas m’en douter sur le moment. J’avais à cœur de remédier à la seule offense à la vue sur l’île : je veux parler des restes de l’ancienne jetée construite avec des blocs de corail aux bons vieux jours du coprah. En 1942, l’ouragan dont Frisbie avait été victime avait aussi dévasté la jetée. On ne s’était pas donné la peine de la reconstruire, le coprah ayant perdu sa valeur et n’étant plus exploité. Les ruines restaient donc éparpillées depuis dix ou onze ans. De gros rocs gisaient sur la plage, à l’endroit même où l’ouragan les avait projetés pendant cette nuit dramatique.

J’avais eu une telle honte de ce fatras à l’arrivée des Worth, que je ne me donnai pas le choix de reconstruire ou pas cette jetée et de l’utiliser pour la pêche. Si j’avais pu imaginer la somme de travail que représentait cette tâche et le temps à y passer, jamais je n’aurais commencé. Mais au début, quand j’entrepris gaiement de pousser les blocs en place, le travail parut fort simple et tout au plus l’affaire de quelques semaines.

À l’origine, la jetée mesurait environ soixante-dix mètres de long et arrivait jusqu’au bord du récif. Les fondations se trouvaient encore en place sur la chaussée de corail à fleur d’eau, mais c’était tout. La reconstruction consistait à extraire les blocs de corail réguliers de la plage où la tempête les avait entassés et à les pousser, à les rouler jusque dans l’eau et sur les fondations. Parfois, il fallait utiliser la barre à mine et la pioche pour déterrer les gros blocs enfouis sous le sable et les graviers.

À la fin du mois d’août, j’avais travaillé trois heures par jour pendant près d’un mois, et mes progrès paraissaient nuls. Cela n’avait rien de surprenant puisque je ne disposais ni de cordes ni d’appareils de levage, et il me fallait quelquefois toute une matinée pour amener un bloc de corail en bordure de plage. Pour certains, j’attendais la marée haute afin qu’ils soient moins lourds à charrier sous l’eau. Je devais de temps en temps interrompre le travail pendant plusieurs jours, tant j’avais les doigts déchirés par les arêtes vives du corail, aussi difficile à manipuler qu’une armée de hérissons. Et, comme l’expérience me l’avait appris, dès qu’une égratignure s’infectait, la fièvre pouvait survenir dans les heures suivantes.

C’était un long et dur labeur. Quand j’avais amené une demi-douzaine de ces « hérissons » à leur place, je devais ensuite les édifier. Je me souvenais d’avoir lu autrefois un article sur la façon dont les hommes du Derbyshire, en Angleterre, construisaient leurs murs de pierres sèches. Ma technique devait être la même. Les blocs en eux-mêmes paraissaient assez résistants mais je savais que c’étaient les petites pierres, patiemment récoltées sur la plage et



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