Petite vie de John Henry Newman by Beaumont Père Keith

Auteur:Beaumont Père Keith [Keith, Beaumont Père]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Histoire
ISBN: 9782220062266
Éditeur: Desclée De Brouwer
Publié: 2017-05-25T00:00:00+00:00

Le rôle dans l’évolution de sa pensée de l’Essai sur le développement de la doctrine chrétienne

Certes, il n’inventa pas le concept du « développement » doctrinal. L’idée était présente, sous une forme ou sous une autre, depuis la théologie scolastique du Moyen ge. Le terme même était largement connu dans les milieux intellectuels d’Oxford au début des années 1840. Chez Newman lui-même, l’idée se trouve déjà dans le deuxième des deux Tracts de 1834 consacrés à la via media ainsi que dans La Fonction prophétique de l’Église publié trois ans plus tard. Mais c’est surtout vers la fin de 1842 qu’il se pencha sérieusement sur cette question. Il en fit le sujet du dernier de ses Sermons universitaires. Prononcé en février 1843, ce long sermon portait le titre « La Théorie des développements dans la doctrine religieuse ».

Non content cependant de cette première approche, il se pencha de nouveau sur le sujet à la fin de 1844. La question qui se posait alors à lui de manière aiguë et urgente était celle-ci : les doctrines et pratiques du catholicisme romain, dont l’existence n’est explicitement attestée ni dans la Bible ni dans l’Église primitive, sont-elles des « ajouts » injustifiés, ou bien le fruit d’un processus continu de « développement » de ce qui était présent dès l’origine, mais uniquement, pour ainsi dire, « en germe » ?

Afin de résoudre une fois pour toutes cette question, il entreprit une vaste enquête historique ; et il prit la résolution, au cas où, à la fin de celle-ci, ses « convictions en faveur de l’Église romaine ne se trouveraient pas affaiblies », de prendre les « dernières dispositions pour être admis dans son sein ».

La rédaction de ce livre fut le fruit d’un labeur immense qui l’occupa de janvier à octobre 1845. La masse des matériaux le submergea presque ; jamais il n’avait écrit et réécrit tant de fois des pages et même des chapitres entiers. (Lui-même reconnut d’ailleurs le caractère peu satisfaisant, du point de vue formel, de l’ouvrage : ce fut le seul de ses livres anglicans dont il modifia substantiellement par la suite la forme.) Avant même de l’avoir achevé, cependant, il en arriva à être pleinement convaincu lui-même par la thèse qu’il examinait, et le livre fut publié – sous une forme inachevée – à la fin de 1845.

Cette publication de l’Essai sur le développement de la doctrine chrétienne constitua l’équivalent théologique de la parution, quatorze ans plus tard en 1859, de L’Origine des espèces de Charles Darwin. Inévitablement, on ne manqua pas, en particulier au moment de la crise moderniste dans l’Église catholique au début du XXe siècle, de faire des rapprochements entre la pensée des deux hommes. Mais il faut bien se garder de confondre la conception darwinienne de l’« évolution » et celle du « développement » proposée par Newman, malgré quelques ressemblances superficielles. Chez Darwin, il s’agit d’un processus de transformation continue qui aboutit à des formes de vie de plus en plus éloignées de leur origine.

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