Les métaphysiques principales : Essai de typologie by Claude Tresmontant

Les métaphysiques principales : Essai de typologie by Claude Tresmontant

Auteur:Claude Tresmontant [Tresmontant, Claude]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782868396211
Éditeur: Francois-Xavier de Guibert
Publié: 1989-06-29T04:00:00+00:00


Bergson, dès 1907, dans l'Evolution créatrice, a très bien vu l'importance et la signification des deux processus : la croissance de l'information dans l'histoire de l'Univers, et la croissance de l'entropie, qui sont couplés. Bergson a d'autant plus de mérite à avoir discerné l'importance et la signification métaphysique de ces deux données objectives et expérimentales, que la découverte de l'histoire de l'Univers date des années 1927 et suivantes.

Il y a eu au début de ce siècle, autour des années 1930, une très belle dispute portant sur la notion de philosophie chrétienne. Nous avons traité de cette question dans d'autres travaux. Lors de cette dispute, un historien de la Philosophie grecque et moderne, Emile Bréhier, opposait son idéal, l'idée qu'il se faisait, lui, Emile Bréhier, de la rationalité, à la doctrine chrétienne, telle du moins qu'il l'avait comprise. La bataille porte sur la question de l'irréversibilité. La cosmologie hellénique est une cosmologie cyclique. Le christianisme a introduit l'idée d'irréversibilité. Cette conception paraît totalement irrationnelle à Emile Bréhier. Pour lui, le rationnel, c'est le cyclique, Histoire de la Philosophie, II, p. 490 :

De plus, et c'est un second aspect de la révolution mentale due au christianisme, le cosmos des Grecs est un monde pour ainsi dire sans histoire, un ordre éternel, où le temps n'a aucune efficacité, soit qu'il laisse l'ordre toujours identique à lui-même, soit qu'il engendre une suite d'événements qui revient toujours au même point, selon des changements cycliques qui se répètent indéfiniment. L'histoire même de l'humanité n'est-elle pas, pour un Aristote, un retour perpétuel des mêmes civilisations ? L'idée inverse qu'il y a dans la réalité des changements radicaux, des initiatives absolues, des inventions véritables, en un mot une histoire et un progrès au sens général du terme, une pareille idée a été impossible avant que le christianisme ne vienne bouleverser le cosmos des Hellènes : un monde créé de rien, une destinée que l'homme n'a pas à accepter du dehors, mais qu'il se fait lui-même par son obéissance ou sa désobéissance à la loi divine, une nouvelle et imprévisible initiative divine, pour sauver les hommes du péché, le rachat obtenu par la souffrance de l'Homme-Dieu, voilà une image de l'univers dramatique, où tout est crise et revirement, où l'on chercherait vainement un destin, cette raison qui contient toutes les causes, où la nature s'efface, où tout dépend de l'histoire intime et spirituelle de l'homme et de ses rapports avec Dieu. L'homme voit devant lui un avenir possible dont il sera l'auteur ; il est délivré pour la première fois du mélancolique sunt eadem omnia semper de Lucrèce, du Destin stoïcien, de l'éternel scheme géométrique où Platon et Aristote enfermaient la réalité. C'est ce trait capital qui a frappé les premiers païens qui se sont occupés sérieusement des chrétiens. Que reproche Celse aux chrétiens dans le Discours vrai qu'il a composé contre eux vers la fin du IIe siècle ? c'est d'admettre un Dieu qui n'est pas immuable, puisqu'il prend des initiatives et des décisions nouvelles au gré des



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