Mornes saisons by Haruo Satô

Mornes saisons by Haruo Satô

Auteur:Haruo Satô [Satô, Haruo]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature japonaise
Éditeur: Les Belles Lettres
Publié: 2015-01-15T16:00:00+00:00


La Maison de l’épagneul

(Supeinken no ie, 1917)

Petit récit pour ceux qui aiment se laisser aller à rêver

Flatté (c’est le nom de mon chien) partit brusquement d’un trait, puis il m’attendit à l’endroit où le chemin bifurquait, à côté de la forge du maréchal-ferrant. C’est un chien très intelligent, mon ami depuis des années, et je suis persuadé qu’il est bien plus sensé que ma femme, il va sans dire, mais aussi que la plupart des gens. Aussi, lorsque je vais me promener, je l’emmène toujours avec moi. De temps à autre, ce brigand me conduit dans des endroits parfaitement inattendus. C’est pour cette raison que ces derniers temps, lorsque je sors, justement, j’ai décidé de ne plus me poser la question de savoir dans quelle direction aller, et j’accompagne Flatté là où il m’entraîne, sans un mot. Le chemin qui partait sur le côté de la forge, je ne l’avais jamais emprunté. Eh bien allons-y ! Prenons-le aujourd’hui, comme m’y invite mon chien. J’ai donc tourné à cet endroit. Le sentier étroit montait doucement, et par moments, il se mettait à sinuer terriblement. Je le suivais sur les pas de Flatté, et avançais sans vraiment faire attention au paysage, sans vraiment réfléchir, simplement plongé dans mes rêveries, distraitement. De temps en temps, je levais la tête vers le ciel et regardais les nuages. Une fleur sauvage, sur le bord du chemin, attira mon attention. Je la cueillis et la humai du bout de mon nez. J’ignorais son nom, mais elle sentait bon. Je me remis à marcher, la faisant tourner sur elle-même au bout de mes doigts. Flatté s’en aperçut à ce moment par hasard, et il s’arrêta un instant, inclina la tête, plongea ses yeux dans les miens. Il avait une mine qui signifiait : « Je veux ce que tu tiens ! » Aussi lui lançai-je la fleur. Lorsqu’elle fut tombée sur le sol, il la flaira un peu : « Quoi, c’était pas un biscuit ! », eut-il l’air de dire. Alors, d’un seul coup, il s’élança à nouveau. Je marchai de cette manière pendant près de deux heures.

Tandis que j’avançais ainsi, je me rendis compte que nous étions montés très haut. À cet endroit on pouvait jouir d’une certaine perspective, et sous l’étendue des champs qui s’étalaient déserts, au loin, j’apercevais vaguement une ville, qui m’était inconnue, entre les nuages et la brume. Je restai un moment à observer cette apparition, et je pus me rendre compte qu’il s’agissait bien d’une agglomération. Mais s’il s’en trouvait effectivement une dans cette direction, comptant autant d’habitations, de laquelle pouvait-il bien s’agir ? La présence d’une telle localité en ces lieux me semblait inexplicable. Étant donné cependant que je ne connaissais pas du tout la géographie des environs, il n’était pas véritablement étonnant que je ne m’y retrouve pas. Je ne cherchai pas à en savoir plus et je portai cette fois-ci mon attention derrière moi : c’était une pente douce à l’extrême où le terrain semblait continuer de



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