Machinations infernales by Reeve Philip

Auteur:Reeve, Philip [Reeve, Philip]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Young Adult, Fantasy, Science Fiction
ISBN: 9782070617418
Google: nTxxPgAACAAJ
Goodreads: 15908648
Éditeur: Folio Junior
Publié: 2004-12-31T23:00:00+00:00

21

Le vol d’une mouette

Cet après-midi-là, entre le déjeuner et la préparation du dîner, Wren se promena dans les jardins des cuisines et s’éloigna du Pavillon afin d’admirer un escadron de Furets Furtifs qui partait en patrouille. Les mercenaires s’étaient octroyé une partie peu fréquentée de la propriété afin d’y installer un aérodrome temporaire. Désormais, Wren connaissait de vue la plupart des étranges machines. Elle les identifia au fur et à mesure qu’on les sortait de leurs hangars : La Culotte Visible, Le Rollier à Ventre Bleu, Le Biscuit de Rationne' ment, L’Expo Turner. A l’aide de catapultes en toile à ressorts, les équipages au sol les expédiaient par-dessus bord, cependant que les aviateurs mettaient le contact et priaient pour que leur appareil trouve un courant d’air ascensionnel avant de s’abîmer dans les eaux sales du sillage de Brighton.

Depuis la rambarde qui clôturait le parc, l’adolescente les observa un à un plonger puis s’élever au-dessus de la ville en exécutant des acrobaties périlleuses dans des volutes de fumée verte et mauve. Ce spectacle, qui l’avait toujours réjouie, ne provoquait aujourd’hui en elle qu’une nostalgie encore plus violente. Elle aurait aimé parler à papa des Furets Furtifs.

Derrière l’aérodrome s’élevait un tertre en cuivre ayant la forme d’une baleine. Des cyprès le cachaient en partie. Wren l’avait déjà aperçu de loin, même si elle ne s’était jamais souciée de le regarder de plus près, partant du principe qu’il devait s’agir d’une énième de ces statues abstraites qui encombraient les pelouses de Nuage 9. Pennyroyal les achetait afin de plaire à ceux qui, dans le quartier des artistes, le soutenaient. N’ayant rien de mieux à faire, la jeune fille s’en approcha lentement. Peu à peu, elle se rendit compte que c’était un bâtiment percé d’immenses portes incurvées à l’une de ses extrémités. Une longue terrasse métallique en forme d’éventail y conduisait. Les parois courbes, toit et murs, étaient piquées de pointes décoratives qui lui donnaient l’air d’un immense poisson porc-épic qui se serait échoué sur l’herbe. Un escalier en colimaçon extérieur flanquait l’un des côtés. L’ayant escaladé, Wren jeta un coup d’œil par une fenêtre.

L’intérieur abritait un yacht céleste si délicat et racé que même elle, qui ne connaissait rien aux aérostats, put dire qu’il avait dû coûter une petite fortune.

— C’est Le Vanneau Huppé, lança une voix aimable derrière elle.

Wren se retourna. Cynthia se tenait au pied des marches.

— Je t’ai cherchée partout, enchaîna cette dernière. Je vais au temple de la domesticité. Il faut absolument que je fasse un sacrifice à la déesse de la beauté si je veux perdre du poids avant le Festival de la lune. Tu devrais m’accompagner, des fois que la déesse puisse quelque chose pour ton acné.

Wren était plus intéressée par les yachts que par ses boutons.

— Le Vanneau Huppé, murmura-t-elle en se retournant vers la fenêtre. Il appartient à Pennyroyal ?

— Bien sûr, répondit son amie en montant quelques degrés. C’est un Sérapis Ombre de Lune IV. Très chic. Le maire ne s’en sert quasiment plus.

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