L'Italienne by Adriana Trigiani

L'Italienne by Adriana Trigiani

Auteur:Adriana Trigiani
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature; Romans historiques
Éditeur: Guy Saint-Jean Éditeur
Publié: 2012-12-31T16:00:00+00:00


Amaro o sol per te m’erail morire

— C’est Mr Puccini qui accompagne les chanteurs, dit Emma Fogarty derrière elle. Laura prit le plateau dans le monte-plat.

— Il est ici ?

— Vous venez de laver son assiette, acquiesça Emma. Il joue sur un grand Steinway dans la salle de musique. Alessia Frangela et Alfonso Mancuso chantent en duo sous la fresque de Bonanno. Maria Martucci est à la harpe. Les invités sont autour d’eux comme pour un feu de camp.

— Mon ancienne patronne avait l’habitude d’écouter Tosca de Caruso.

— Je ne peux pas vous envoyer là-haut. Vous êtes à la plonge, reprit Emma. Mais vous savez quoi ? Si vous voulez monter par l’escalier jusqu’aux placards à vaisselle, j’ouvrirai des volets du monte-plat et vous serez juste sous la musique.

Les filles chargèrent des plateaux de vaisselle en porcelaine et empruntèrent le petit escalier. Emma les conduisit aux placards à vaisselle. Elle posa les assiettes et ouvrit les volets qui donnaient accès au conduit du monte-plat.

— Allez-y. Passez la tête là-dedans. C’est comme ça que j’écoute les Burden sans qu’ils s’en doutent.

Enza tendit l’oreille. Les notes cristallines de Puccini lui parvenaient aussi clairement que si elle s’était trouvée dans la pièce : le volume était parfait.

Laura rangea les assiettes sur les étagères pendant que Puccini et ses chanteurs se produisaient pour la foule des invités. Elle regarda Enza qui écoutait. La tête légèrement penchée, elle buvait chaque note, les voix, les cordes, les élans de la musique…

Enza était déjà impatiente d’écrire à sa mère pour lui raconter ce coup de chance.

C’est mon Italie, pensait-elle. La force et la beauté de l’art antique, les fresques fourmillantes de détails, les statues imposantes taillées dans la roche blanche, le calice en or martelé de don Martinelli, les grands maîtres de l’opéra, l’Italie de Puccini et de Verdi, de Caruso et de Toscanini, pas l’Italie des âmes perdues de Hoboken et de la malheureuse Anna Buffa. C’était l’Italie qui comblait son âme, où l’espoir renaissait et où les cœurs brisés pouvaient revivre entre les mains des grands artistes.

Pour la première fois depuis son départ pour l’Amérique, Enza se sentait chez elle. Elle comprit à cet instant comment marier l’ambition américaine au talent artistique des Italiens. Elle s’était nourrie de l’un comme de l’autre et ils l’avaient aidée à grandir. Ce soir-là, la musique de Puccini alluma la mèche de son ambition, et elle prit conscience de sa détermination.

À la fin de la mélodie de Puccini, les applaudissements éclatèrent. Enza tendit les mains dans le monte-plat et applaudit aussi.

— Il ne peut pas t’entendre, dit Emma Fogarty.

— Mais je lui dois ça, répondit Enza, en se retournant vers Laura et elle.

— Renvoie le monte-plat, dit Emma.

Enza tira sur la corde et le plateau remonta à l’étage du dessus.

— Lavez et essuyez les verres en cristal pour les digestifs, et vous en aurez fini, les filles, dit la chef. Puis elle consulta sa montre de poche. Le jour n’est pas loin. Quand tout ce monde sera parti, je n’aurai plus qu’à fermer la cuisine.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.