La Tulipe noire by Dumas Alexandre (Père)

La Tulipe noire by Dumas Alexandre (Père)

Auteur:Dumas, Alexandre (Père) [Dumas, Alexandre (Père)]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature Française
Éditeur: benhenda89 - FRBoarD
Publié: 1850-07-27T23:00:00+00:00


Chapitre 17

Premier caïeu

Le lendemain, avons-nous dit, Rosa revint avec la Bible de Corneille de Witt.

Alors commença entre le maître et l’écolière une de ces scènes charmantes qui font la joie du romancier quand il a le bonheur de les rencontrer sous la plume.

Le guichet, seule ouverture qui servît de communication aux deux amants, était trop élevé pour que des gens qui s’étaient jusque-là contentés de lire sur le visage l’un de l’autre tout ce qu’ils avaient à se dire pussent lire commodément sur le livre que Rosa avait apporté.

En conséquence, la jeune fille dut s’appuyer au guichet, la tête penchée, le livre à la hauteur de la lumière qu’elle tenait de la main droite, et que, pour la reposer un peu, Cornélius imagina de fixer par un mouchoir au treillis de fer. Dès lors Rosa put suivre avec ses doigts sur le livre les lettres et les syllabes que lui faisait épeler Cornélius, lequel, muni d’un fétu de paille en guise d’indicateur, désignait ces lettres par le trou du grillage à son écolière attentive.

Le feu de cette lampe éclairait les riches couleurs de Rosa, son œil bleu et profond, ses tresses blondes sous le casque d’or bruni qui, ainsi que nous l’avons dit, sert de coiffure aux Frisonnes ; ses doigts levés en l’air et dont le sang descendait, prenaient ce ton pâle et rose qui resplendit aux lumières et qui indique la vie mystérieuse que l’on voit circuler sous la chair.

L’intelligence de Rosa se développait rapidement sous le contact vivifiant de l’esprit de Cornélius, et, quand la difficulté paraissait trop ardue, ces yeux qui plongeaient l’un dans l’autre, ces cils qui s’effleuraient, ces cheveux qui se mariaient, détachaient des étincelles électriques capables d’éclairer les ténèbres mêmes de l’idiotisme.

Et Rosa, descendue chez elle, repassait seule dans son esprit les leçons de lecture, et en même temps dans son âme les leçons non avouées de l’amour.

Un soir elle arriva une demi-heure plus tard que de coutume.

C’était un trop grave événement qu’une demi-heure de retard pour que Cornélius ne s’informât pas avant toute chose de ce qui l’avait causé.

– Oh ! ne me grondez pas, dit la jeune fille, ce n’est point ma faute. Mon père a renoué connaissance à Loevestein avec un bonhomme qui était venu fréquemment le solliciter à la Haye pour voir la prison. C’était un bon diable, ami de la bouteille, et qui racontait de joyeuses histoires, en outre un large payeur qui ne reculait pas devant un écot.

– Vous ne le connaissez pas autrement ? demanda Cornélius étonné.

– Non, répondit la jeune fille, c’est depuis quinze jours environ que mon père s’est affolé de ce nouveau venu si assidu à le visiter.

– Oh ! fit Cornélius en secouant la tête avec inquiétude, car tout nouvel événement présageait pour lui une catastrophe, quelque espion du genre de ceux que l’on envoie dans les forteresses pour surveiller ensemble prisonniers et gardiens.

– Je ne crois pas, dit Rosa en souriant, si ce brave homme épie quelqu’un, ce n’est pas mon père.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.