Nouvelles Asiatiques by Histoire

Nouvelles Asiatiques by Histoire

Auteur:Histoire [Histoire]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Middle East -- Fiction
Publié: 2015-02-15T23:00:00+00:00


* * *

IV

LA GUERRE DES TURCOMANS

Je m'appelle Ghoulam-Hussein. Mais comme c'était le nom de mon grand-père, et que, naturellement, mes parents, en parlant de lui, disaient toujours «Aga», c'est-à-dire monseigneur, on m'appelait seulement Aga, par respect pour le chef de la famille, dont le nom ne saurait se prononcer légèrement; et c'est ainsi que je me nomme, comme les innombrables compatriotes que j'ai dans le monde et qui répondent à ce nom d'Aga, par le même motif que leurs grands-pères se nommaient comme eux Aly, Hassan, Mohammed ou tout autre chose. Ainsi je suis Aga. Avec le temps et quand la fortune m'a souri, c'est-à-dire quand j'ai eu un habit un peu propre et quelques shahys dans ma poche, j'ai trouvé convenable de me donner le titre de «Beg». Aga-Beg ne fait pas mal. Malheureusement, j'ai été d'ordinaire si peu chanceux, que mon titre de Beg a dispara en maintes circonstances devant la triste physionomie de mon équipage. Dans ce cas-là, je suis devenu Baba-Aga, l'oncle Aga. J'en ai pris mon parti. Depuis que des circonstances dans lesquelles, je l'avoue, ma volonté n'est entrée pour rien, m'ont permis de visiter, dans la sainte ville de Meshhed, le tombeau des Imams, et de manger la soupe de la mosquée le plus souvent que j'ai pu, il m'a paru au moins naturel de me décorer du titre de Meshhedy, pèlerin de Meshhed. Cela donne un air d'homme religieux, grave et posé. J'ai ainsi le bonheur de me voir généralement connu, tantôt sous le nom de Baba-Meshhedy-Aga, ou sous celui que je préfère de Meshhedy-Aga-Beg. Mais Dieu dispose de tout ainsi qu'il lui plaît!

Je suis né dans un petit village du Khamsèh, province qui confine à l'Azerbeydjân. Mon village est situé au pied des montagnes, dans une charmante petite vallée, avec beaucoup de ruisseaux murmurants, qui courent à travers les grandes herbes en gazouillant de joie, et sautant sur les pierres polies. Leurs rives sont comme encombrées de saules épais dont le feuillage est si vert et si vivant, que c'est un plaisir de le regarder, et les oiseaux y nichent en foule et y font un remue-ménage qui jette la joie dans le cœur. Il n'y a rien de plus agréable au inonde que de s'asseoir sous ces abris frais en fumant un bon kaliân plein de vapeurs odorantes. On cultivait chez nous beaucoup de blé; nous avions aussi des rizières et du coton nain, dont les tiges délicates étaient soigneusement abritées contre les chaleurs de l'été par des ricins plantés en quinconce; leurs larges feuilles faisaient parasol au-dessus des flocons blancs de leurs camarades. Un moustofy, conseiller d'État de Téhéran, homme riche et considéré nommé Abdoulhamyd-Khan, touchait la rente du village. Il nous protégeait avec soin, de sorte que nous n'avions rien à craindre ni du gouverneur du Khamsèh, ni de personne. Nous étions parfaitement heureux.

Pour moi, j'avoue que le travail des champs ne m'agréait cas, et je préférais infiniment savourer les raisins, les pastèques, les melons et les abricots, à m'occuper de leur culture.



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