L'image de pierre by Dino Buzzati

L'image de pierre by Dino Buzzati

Auteur:Dino Buzzati [Buzzati, Dino]
La langue: fra
Format: epub
Tags: roman, Science Fiction
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


14

C’était par une splendide journée de juin. Vers les dix heures du matin Élisa Ismani, ne sachant que faire, tandis que son mari était allé se faire initier aux secrets de Numéro Un par Strobele et Manunta, alla trouver Mme Endriade.

— C’est un très joli coin, lui avait dit celle-ci lors de leur première rencontre, on y respire toujours la joie. Mais nous autres, les femmes, nous y ennuyons parfois. Si cela vous arrive, et que vous n’ayez rien de mieux à faire, venez donc me trouver. À n’importe quelle heure. Même le matin. Le matin je m’occupe de mes fleurs, vous verrez quelles belles plates-bandes…

Et elle lui avait dit tout cela d’un ton tellement sincère et chaleureux que maintenant, à peine arrivée, Élisa Ismani alla la trouver. Un matin justement, ce matin mémorable de juin.

La villa d’Endriade se trouvait tout en haut de la route qui grimpait à travers la prairie. Sur la droite, à une centaine de mètres, venaient mourir les derniers contreforts de la citadelle secrète.

La porte d’entrée était entrouverte. Élisa, après avoir cherché en vain la sonnette, attendit, guettant les voix qui pouvaient lui parvenir de l’intérieur. Mais la maison semblait totalement déserte.

— Il y a quelqu’un ? Il y a quelqu’un ? se décida-t-elle enfin à appeler.

— Entrez, répondit une voix d’homme, lasse.

Elle poussa la porte, entra. Elle se trouvait dans un grand salon, meublé simplement, presque sans aucun goût. Deux canapés, des fauteuils en osier, un bureau, une glace au-dessus de la cheminée, et quelques vieilles estampes sur les murs. Tout ce qu’il y a de plus conventionnel. Mais propre. Et silencieux.

— On peut entrer ? reprit Élisa Ismani, ne voyant personne.

Une porte s’ouvrit, Endriade apparut. Sans cravate, en vieux pull-over.

— Ah, bonjour, madame. Vous cherchez Luciana sans doute ? Je pense qu’elle doit être dehors, au jardin. Je vais l’appeler.

Il n’avait pas du tout l’air enthousiaste de cette visite. Pressé, soucieux, impatient de retourner à son travail. Avec dans le regard, dans les gestes, dans sa façon de parler, quelque chose de fébrile, comme la première fois qu’ils s’étaient rencontrés.

— Je vous en prie, asseyez-vous.

Élisa, pour aller vers un des deux canapés, passa devant le bureau et son regard tomba sur un petit portrait, dans un cadre en argent, à moitié caché entre des piles de livres.

Elle demeura clouée sur place un instant, surprise. Elle se pencha pour mieux regarder.

— Excusez-moi, dit-elle, j’aurais juré que… Mais si, c’est elle, ce ne peut être qu’elle !

— Qui donc ? fit Endriade, subitement intéressé.

— Une vieille amie à moi. Laura… Laura de Marchi.

Endriade s’approcha, inquiet.

— Vous la connaissiez ?

— Si je la connais ! Mais nous avons vécu ensemble pendant dix ans. D’inséparables compagnes de classe. Et puis elle est partie en Suisse, avec sa famille. Nous ne nous sommes plus vues depuis lors. Comment se peut-il… ?

Endriade la regardait fixement comme envoûté.

— Ma première femme, dit-il.

— Ah ! oui ? Élisa Ismani n’en savait rien du tout.

— Vous la connaissiez bien ? insista Endriade.

— Mieux qu’une sœur.



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