Lettre ouverte aux mangeurs de viande qui souhaitent le rester sans culpabiliser by Paul Ariès

Lettre ouverte aux mangeurs de viande qui souhaitent le rester sans culpabiliser by Paul Ariès

Auteur:Paul Ariès [Ariès, Paul]
La langue: fra
Format: epub
Tags: det_, Société, Animaux, Véganisme, Polémique
ISBN: 9782035961792
Éditeur: Larousse
Publié: 2019-01-08T23:00:00+00:00


Mon frère, ver de terre

Mon frère, ver de terre est une expression éminemment sympathique, mais comme on ne peut jamais unir sans diviser, sans déplacer des frontières, il convient, avant toute chose, de savoir où passeront, désormais, les limites. Les végans et antispécistes ont progressivement tenté de retenir trois critères.

Le premier critère fut celui de la capacité à souffrir mais outre qu’il privilégie les animaux qui nous ressemblent et qu’il manque d’objectivité scientifique8, il devient inopérant, dès lors que, sous l’impulsion de Temple Grandin9 (professeure de zootechnie et de sciences animales à l’université du Colorado), plusieurs enseignes américaines (comme McDonald’s) réclament des audits permettant d’exclure les abattoirs incapables de garantir un décès exempt de souffrance pour 95 à 100 % des animaux selon l’espèce et les techniques employées10. Comme l’écrit Singer : « Lorsque les animaux mènent une vie agréable, qu’ils sont tués sans douleur, que leur mort n’est pas cause de souffrance pour d’autres animaux, et que la mort d’un animal rend possible son remplacement par un autre qui autrement n’aurait pas vécu, le fait de tuer des animaux dépourvus de conscience de soi peut ne pas être mal11. »

Tom Regan est bien obligé de reconnaître qu’on ne peut exclure que l’industrie apprenne à ne plus faire souffrir les animaux ou à les rendre insensibles à la douleur, c’est pourquoi il faudrait postuler un véritable droit naturel à la vie, mais ce droit naturel à la vie ne concerne que les animaux qui nous sont proches : « Les individus sont les protagonistes d’une vie s’ils sont capables de percevoir et de se souvenir ; ont des croyances, des désirs et des préférences ; sont capables d’agir intentionnellement afin de poursuivre leurs désirs ou leurs buts ; sont sentients et ont une vie émotionnelle ; ont une perception du futur, dont leur futur propre ; ont une identité psychophysique sur la durée ; font l’expérience d’un bien-être propre qui, d’un point de vue logique, est indépendant de leur utilité pour les autres et de l’intérêt des autres. Ces critères constituent une condition suffisante pour accorder une valeur propre, intelligible et qui n’est pas arbitraire12. »

Ce deuxième critère ne tient pas davantage la route pour au moins deux raisons. Il reste déjà marqué par son anthropomorphisme conduisant à exclure les insectes et notamment les colonies d’abeilles, de fourmis où l’individualisation des animaux n’est pas de mise. Ce critère oublie aussi que l’histoire a prouvé que reconnaître le caractère sentient ne change rien : les nazis savaient pertinemment que les Juifs ou les Roms étaient des êtres sentients !

Un nouveau critère, fondé sur le refus de toute exploitation, se développe, mais il est lui-même très pauvre, faute de définir ce qu’est l’exploitation, de différencier domestication, travail des animaux et exploitation. Ce véganisme a pour « aboutissement logique le fruitarisme », car : « Au sujet du massacre envers les plantes. Voir des plants de carottes et d’oignons domestiqués, déterrés et agonisants, des céleris et des salades coupés sur les étals participe



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