Les voyageurs malgré eux by Elisabeth Vonarburg

Les voyageurs malgré eux by Elisabeth Vonarburg

Auteur:Elisabeth Vonarburg [Vonarburg, Elisabeth]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Science-fiction
ISBN: 9782896150373
Éditeur: Alire
Publié: 2009-04-05T22:00:00+00:00


31

Pendant quelques jours, Catherine pensa qu’elle l’emporterait sur sa grippe. La fièvre restait dans des limites raisonnables, les éternuements et la toux aussi, heureusement pour sa côte cassée. Le quatrième jour, elle trouva même assez de forces pour s’ennuyer ferme. Les fois où elle s’était levée pour se rendre à la salle de bain, avec l’aide de Joanne, elle avait pu observer le décor. Simon-Pierre Le Guével était peut-être un ermite, mais un ermite bien installé. Un petit dôme géodésique aux trois-quarts enfoui dans le sol et le roc constituait sa maison. Les pièces s’ouvraient toutes sur une plate-forme dallée, dernière marche de l’escalier en gradins qui entourait la dépression centrale ; de solides fauteuils y étaient installés devant une cheminée visant plus la décoration que le chauffage, car il y avait un radiateur à eau chaude dans chaque pièce. Eau courante chaude et froide dans la salle de bain, avec le reste des installations considérées comme civilisées. Ce que Catherine avait aperçu de la cuisine attenante à la salle de bain était plus rustique, avec une cuisinière à bois, mais dans les étagères et sur la table centrale, plats et ustensiles nombreux indiquaient un amateur de bonne cuisine. De l’autre côté du salon, en face de la chambre où se trouvait Catherine, les rayons d’une vaste bibliothèque suivaient la courbe du dôme.

Mais pas d’électricité : des bougies, des lampes à gaz – « méthane », laissa tomber Le Guével, laconique, en voyant Catherine examiner sa lampe de chevet. Le mobilier de bois était simple mais élégant, comme les boiseries des murs et le parquet marqueté qui couvrait partout le sol, sauf dans la salle de bain et la cuisine. Tout fait à la main, et visiblement la même main, celle du propriétaire : des bruits de bricolage montaient parfois du sous-sol par l’escalier qui s’ouvrait près de la porte d’entrée. Des bruits de bricolage et d’engins électriques.

Joanne confirma sa déduction : l’électricité fonctionnait en dessous du niveau du sol. Tout le Nord vivait à demi enterré ? La jeune femme eut ce petit sourire dont l’ironie était encore perdue pour Catherine : « Non. Il y en a comme Simon – bien pis que Simon – qui vivent complètement à la dure. »

Y en avait-il d’autres, qui ne vivaient pas “à la dure” ? Mais elle hésitait à poser des questions à la métisse, en partie parce qu’elle la sentait réticente à y répondre, en partie retenue par une prudence absurde mais persistante, la crainte de trop révéler par ses questions. Et une autre crainte : se découvrir d’autres ignorances qu’elle ne se connaissait pas, ou au contraire recevoir trop d’informations dérangeantes. Elle voulait bien observer et réfléchir, mais pas trop. Ses blessures, la grippe qui menaçait, les exigences et les faiblesses de l’organique, tout cela était comme un sursis, une période de grâce où elle pouvait se laisser flotter un peu avant de chercher à rassembler les morceaux soudain épars de sa vie, ceux du moins qu’elle connaissait ; elle n’avait pas envie d’ajouter au puzzle trop de pièces nouvelles.



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