Les Veilleurs by Jean-Luc Bizien

Auteur:Jean-Luc Bizien [Bizien, Jean-Luc]
La langue: fra
Format: epub
Tags: post-apo, Paris, monstres, survie, horreur, littérature jeunesse, post-apocalyptique
Publié: 2018-09-04T16:00:00+00:00

Que feraient-ils, face à l’armée furieuse ?

Chapitre 22

STEINER

Lukas Steiner ne cessait de râler. Le harnais lui sciait l’entrejambe et il s’était retrouvé, par deux fois, cul par-dessus tête comme un débutant lors des premiers essais. Il gesticulait, pendu au câble d’acier comme un jambon à la foire, pour le plus grand bonheur de Kovacevic qui ne cachait pas son hilarité en le voyant tempêter contre le matériel.

— Ce truc va finir par nous arracher les couilles ! grogna le sniper en retrouvant la terre ferme. Qu’ils se trouvent un autre guignol pour jouer les équilibristes ! J’abandonne.

— Tu sais bien que non, tempéra le Serbe. On va y arriver. Il nous reste toute la journée, on ne part que demain. Allez : on y retourne.

Steiner s’exécuta, non sans proférer des tombereaux d’insanités.

Imperturbables, les instructeurs répétaient leurs consignes. On les avait prévenus : les deux hommes devaient être parfaitement préparés et leurs éventuels écarts de comportement pardonnés. La mission était de la plus haute importance, Kovacevic et Steiner étaient les plus qualifiés pour la mener à bien. Les soldats affectés à ce stage demeuraient en conséquence parfaitement imperméables à toutes les sautes d’humeur du tireur. Ils ravalaient systématiquement les remarques acerbes qui leur montaient aux lèvres quand Steiner démontrait l’étendue de sa mauvaise foi… et sa connaissance quasi encyclopédique du lexique ordurier.

Si Kovacevic avait vite trouvé l’équilibre et s’était adapté au matériel d’escalade, Steiner avait au contraire éprouvé les plus grandes difficultés. Il ne pouvait en être autrement, dans la mesure où le sniper refusait obstinément de se séparer de son paquetage. L’étui aux dimensions imposantes lui lestait l’épaule et le déséquilibrait. Il lui aurait été beaucoup plus simple de treuiller tout son équipement une fois rétabli au sommet, mais le sniper n’en démordait pas.

— C’est MON fusil, les gars. Pas question de m’en séparer. Trouvez autre chose.

— Tu es un vrai mulet ! finit par cracher Kovacevic, à court de patience. Ton coffret ne risque rien, il sera équipé d’un treuil que TU commanderas à distance. Écoute ce qu’ils te disent, bordel : ces types sont des spécialistes.

— Nous AUSSI, nous sommes des spécialistes. On leur demande pas de tirer sur des cibles mouvantes à plus de cent mètres ? Non ! Alors, qu’ils ne viennent pas me faire chier avec leurs techniques de danseuses à la con !

Kovacevic laissa fuser un sifflement courroucé. Steiner connaissait bien ce bruit caractéristique : c’était, chez le Serbe, le signal que les limites de sa patience étaient atteintes.

Le sniper s’interrompit et fit amende honorable.

— Ouais, finit-il par admettre, tu as peut-être raison. Peut-être…

— C’est EUX qui ont raison, Lukas ! Ces types sont des commandos. Ils savent exactement ce qui est le plus pratique et le plus efficace. Fais-leur confiance, une fois dans ta vie !

La confiance – c’était bien là le nœud du problème. Steiner avait, de tout temps, éprouvé une furieuse défiance à l’encontre de toute hiérarchie. Son attitude rebelle lui avait interdit de gravir les échelons. Il avait, à plusieurs occasions, été décoré pour fait de guerre.

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