Midnight Sun - Saga Twilight by Stephenie Meyer

Midnight Sun - Saga Twilight by Stephenie Meyer

Auteur:Stephenie Meyer [Inconnu(e)]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Hachette Romans
Publié: 2020-08-04T16:00:00+00:00


BELLA DORMIT JUSQU’AU MATIN, SI PROFONDÉMENT QUE J’EN fus perturbé.

Depuis le jour où j’avais repéré son odeur, qui semblait remonter à très loin maintenant, j’avais été impuissant à empêcher mon esprit de tanguer d’un extrême à l’autre de minute en minute. Cette nuit-là, ce fut pire. Le poids du danger imminent me propulsait à un pic de stress comme je n’en avais pas connu en un siècle.

Bella, elle, dormait, les membres relâchés, le front lisse, les commissures des lèvres retroussées, le souffle régulier comme un métronome. De toutes mes veilles, c’était la première où elle se montrait aussi sereine. Qu’est-ce que ça signifiait ? Une seule chose : qu’elle ne comprenait pas. Malgré mes avertissements, elle ne croyait toujours pas à ma dangerosité. Elle avait une trop grande confiance en moi, elle avait tort.

Elle ne broncha pas quand son père vint jeter un coup d’œil sur elle. Il était tôt, le soleil ne s’était pas encore levé. Je ne bougeai pas non plus, certain d’être invisible dans mon coin. Les pensées voilées de Charlie étaient empreintes de regrets, de culpabilité. Rien de très sérieux, sinon qu’il la laissait encore seule. Il hésita même, puis le sens du devoir – ses projets, ses amis, la virée promise – l’emporta. Du moins, je l’analysai ainsi.

C’est dans un tintamarre ahurissant qu’il alla chercher ses affaires de pêche dans le placard ménagé sous l’escalier. Bella ne réagit pas, ses paupières s’agitèrent à peine.

Charlie parti, je m’éclipsai à mon tour, bien qu’il me coûte de quitter la paix de la chambre. La sérénité de son sommeil avait fini par me calmer. J’aspirai une ultime goulée de feu, accueillant la douleur comme on berce, en attendant d’être en mesure de la renouveler.

Dès qu’elle se réveilla, le tumulte recommença. La tranquillité qu’elle avait trouvée dans ses rêves semblait s’être évaporée à la lumière du matin. Le bruit de ses mouvements indiquait qu’elle se dépêchait et, à plusieurs reprises, elle tira les rideaux – pour me chercher, d’après moi. Ça me rendit impatient de la rejoindre, mais nous étions convenus d’une heure, et je ne voulais pas interrompre prématurément ses préparatifs. J’avais fini les miens, bien qu’ils me paraissent incomplets. Serais-je jamais prêt pour une telle épreuve ?

J’aurais aimé pouvoir me réjouir – une journée entière en sa compagnie, des réponses à toutes mes interrogations, sa chaleur contagieuse. Mais j’aurais aussi aimé pouvoir tourner les talons et m’enfuir dans la direction opposée. Être assez fort pour courir jusqu’à l’autre bout de la terre et m’y cantonner, de façon à ne plus représenter un péril pour elle. Malheureusement, je n’oubliais pas la vision d’Alice, où une Bella accablée de chagrin déambulait comme un zombie, et je savais que je n’aurais pas ce courage.

J’avais réussi à me mettre dans une humeur de chien lorsque je dégringolai des frondaisons et traversai la pelouse. J’essayai d’effacer ma morosité, en vain, comme si j’ignorais à présent comment me composer un visage.

Conscient qu’elle me guettait, je frappai discrètement et l’entendis dévaler les dernières marches de l’escalier.



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